Au Yémen, l’Unicef se mobilise pour protéger les enfants les plus vulnérables
Publié le 31 octobre 2011
Les conflits armés, les mouvements de populations, l’augmentation des cas de malnutrition et la pauvreté grandissante fragilisent les enfants yéménites. Sur le terrain, l’Unicef renforce ses programmes de protection. Patricia Nakell, responsable de la communication et du plaidoyer du bureau du Yémen, aujourd’hui basée à Aman en Jordanie, répond à nos questions.
- Dans quelle situation se trouve actuellement le Yémen ?
Au nord, un conflit armé dure depuis des années. Plus de 300 000 personnes sont déplacées dans cette région, beaucoup sont installés dans des camps. Au sud, le conflit est plus récent, il y a plus de 100 000 déplacés, dont 50 % d’enfants. De nombreux déplacés du sud sont installés dans des écoles. Aujourd’hui, les familles refusent de partir. Elles ne veulent pas vivre sous des tentes, ce qui complique l’aide humanitaire.
Dans la région de Sanaa (ndlr : capitale du Yémen), les tribus anti-gouvernementales déstabilisent énormément la situation, surtout dans les grandes villes. Les manifestations font de nombreuses victimes, y compris parmi les enfants. À cela s’ajoute une situation économique difficile : manque d’électricité, de gaz, de pétrole… Et les prix des denrées alimentaires ont augmenté ces derniers mois.
- Quelles sont les actions mises en place par l’Unicef pour protéger les enfants ?
Depuis le printemps 2011, on a diversifié nos partenariats locaux et internationaux. Avant, on travaillait presque exclusivement avec le gouvernement, mais il est aujourd’hui très affaibli. Alors, nos actions passent aussi par du plaidoyer, à plusieurs niveaux. Par exemple, pour lutter contre le recrutement d’enfants, nous nous rendons auprès de ceux qui peuvent avoir un impact : organisations religieuses, hauts fonctionnaires, rebelles…
Le recrutement des enfants par des groupes armés (pro ou anti-gouvernementaux) a augmenté cette année. La situation est devenue si critique que le Yémen a été enregistré depuis peu par les Nations unies sur la liste des pays où les cas de violations graves faites aux droits des enfants sont alarmants. C’est pourquoi, on a établi un système de surveillance, en s’appuyant sur les Principes de Paris. Ils obligent les États à s’engager à protéger les enfants. Nous travaillons avec le gouvernement yéménite pour qu’il les signe et les rejoigne.
Nous mettons en place des programmes dans tout le pays, à travers des espaces amis des enfants situés dans des écoles ou dans des maisons privées. Grâce à nos partenaires, on identifie les enfants séparés de leurs familles, non-accompagnés, victimes de trafic, recrutés ou utilisés par des groupes/forces armés. Nous mettons tout en œuvre pour les aider à se réinsérer. Quand les plus vulnérables sont identifiés, on leur apporte d’abord une aide psychosociale puis médicale, si besoin. C’est très long.
- L’éducation est une priorité pour l’Unicef, car en période de conflit, elle permet aux enfants de garder des repères fondamentaux. Qu’en est-il au Yémen ?
Sur la fin de l’année 2010-2011, les écoliers ont perdu 2 mois de scolarité. Ensuite, la rentrée 2011-2012 a été difficile, notamment au sud. Dans la région d’Aden, 80 écoles sont actuellement habitées par des personnes déplacées ou utilisées par des groupes armés, pro ou anti-gouvernementaux. Beaucoup de parents ne veulent plus envoyer leurs enfants à l’école, à cause des dangers que cela représente. Par conséquent, des milliers d’enfants n’ont toujours pas repris le chemin de l’école, ce qui les fragilise davantage.