Crises oubliées : notre action entravée par le manque de fonds
Publié le 21 août 2005
En 2004, le montant total des fonds demandés par l'UNICEF pour accomplir son mandat s'élevait à près de 393 millions de dollars. Seuls 53% de ces besoins ont été couverts.
Des réponses partielles et tardives des bailleurs de fonds Les crises durables (la majorité de ces crises dure depuis plus de dix ans ) et oubliées affectent 33 pays* dans le monde. L’UNICEF s’efforce de porter assistance aux victimes de ces crises, y compris celles qui sont ignorées ou oubliées. Il s’agit d’être et de rester sur le terrain pour soutenir, accompagner et reconstruire dans la durée. Dans ces crises, les enfants et les femmes sont les premiers à souffrir. Ces derniers sont particulièrement vulnérables à la maladie, la malnutrition et la violence. 45% (soit près de la moitié) des 3,6 millions de personnes tuées au cours des conflits qui se sont déroulés pendant les années 1990 avaient moins de dix-huit ans. Des millions d'autres enfants ont été gravement blessés ou handicapés à vie, ont subi des violences sexuelles ou des traumatismes, ont souffert de la faim et de la maladie. Près de vingt millions d'enfants ont été chassés de leurs foyers ou de leur communauté par la guerre. Les efforts de l’UNICEF visant à porter assistance sur la durée aux victimes des crises durables les plus complexes restent entravés par un grave manque de fonds. Les bailleurs de fonds réagissent souvent trop partiellement ou, dans le cas du Niger, trop tardivement aux appels lancés par les acteurs humanitaires. Après l’urgence, le silence La réponse tardive de la communauté internationale à la crise alimentaire au Niger montre une fois de plus que les médias sont un relais indispensable pour rendre visible une crise et susciter une réaction de la part des bailleurs de fonds. Ce n’est qu’à partir du moment où des images d’enfants nigériens souffrant de malnutrition ont été diffusées par les médias que la communauté internationale s’est mobilisée et ce, en dépit des alertes lancées dès la fin 2004. La médiatisation d’une crise a un impact direct sur les sommes mobilisées pour venir en aide aux victimes. Cependant, les contraintes et les logiques auxquelles sont soumis les médias ne leur permettent souvent pas d’assurer le suivi des crises : les crises oubliées le sont en premier lieu des médias et, par voie de conséquence, de l’opinion publique et des bailleurs de fonds. Il n’existe pourtant pas de corrélation entre les besoins d’une population et la médiatisation d’une crise. En outre, le caractère chronique de certaines urgences rend l’opinion publique fataliste et moins mobilisée. Le défi consiste à mobiliser l’opinion publique sur ces «angles morts » médiatiques car les crises perdurent malgré le silence qui les entoure.