En France métropolitaine comme dans les collectivités territoriales d’Outre-mer, les Villes amies des enfants sont des partenaires clés de l’UNICEF France. Leur engagement traduit une volonté forte de placer les droits de l’enfant au cœur des politiques publiques.
Juliette Droux, chargée de programmes territoriaux à l’UNICEF France nous en dit plus.
En quoi consiste le programme Ville amie des enfants de l’UNICEF France ?
Les Villes amies des enfants (VAE) sont des partenaires très importants pour l’UNICEF. À travers le programme VAE, les collectivités territoriales, notamment les municipalités et intercommunalités, s’engagent à promouvoir et appliquer les droits de l’enfant en France. Au quotidien, cet engagement se traduit par leurs politiques publiques, leurs actions de proximité et leur compétence en matière de petite enfance, d’éducation, d’action sociale et de santé.
Pouvez-vous nous partager des exemples d’actions menées par les villes ?
Les villes déploient des politiques publiques qui concernent directement ou indirectement les enfants et les jeunes. Concrètement, elles peuvent :
Mettre en place un conseil municipal d’enfants et de jeunes
Faire voter en conseil municipal des recommandations directement émises par les enfants et les jeunes
Mettre en place des consultations pour écouter leurs opinions et faire en sorte qu’elles aient un impact sur la décision publique
La ville de Nantes en est l’exemple. Elle a réalisé une analyse des besoins sociaux auprès des habitants, en accordant une attention particulière à la pauvreté des enfants, et ce, dans l’objectif de déployer des programmes adaptés.
Les politiques mises en place par les Villes amies incluent plusieurs thématiques transversales et permettent de mieux prendre en compte l’avis des enfants et des jeunes. C’est donc l’illustration parfaite de l’article 12 de la Convention internationale des droits de l’enfant et du droit à la participation.
Cette année aura lieu la rencontre nationale avec les Villes amies des enfants sur la thématique de la pauvreté. Pourquoi cette thématique ?
En France, 1 enfant sur 5 est en situation de pauvreté. Cette pauvreté est multidimensionnelle. Elle affecte l’accès à l’éducation, à la santé, à la culture, au sport, aux loisirs, au logement et aux différentes formes de mobilités. Il s’agit d’une problématique prioritaire pour notre association.
La question de la pauvreté résonne également auprès des collectivités territoriales qui sont au plus près des enfants et qui ont besoin d’être accompagnées dans la mise en place de solutions adaptées.
Découvrir le programme de la Rencontre nationale
Pourquoi est- ce important d’avoir un réseau consolidé de villes qui se mobilisent aux côtés de l’UNICEF ?
Pour l’UNICEF, c’est important d’avoir un réseau de villes engagées car elles représentent les pouvoirs publics au plus près de la population. Ce sont des alliées de choix pour appliquer les droits des enfants à l’échelle locale. Elles peuvent être réactives et efficaces lorsque la situation des droits des enfants se dégrade sur leurs territoires.
Pour les villes, le programme VAE est l’occasion de se constituer un réseau pour bénéficier des expériences de leurs pairs et consolider leurs politiques publiques.
Le réseau VAE leur permet également d’échanger sur les enjeux de leurs territoires, de capitaliser sur leurs succès qu’ils soient individuels ou collectifs et de discuter des freins rencontrés.
Le programme VAE existe depuis 2002. Quelles sont les avancées majeures que vous avez pu constater ces 20 dernières années ?
Ces dernières années, les villes ont fait un important travail de suivi pour évaluer précisément l’impact de leurs actions sur le respect des droits des enfants dans leurs territoires. Ce travail de monitoring est une des avancées majeures depuis le lancement du programme.
Par ailleurs, l’UNICEF a acquis une meilleure connaissance de son réseau et essaye davantage de répondre aux besoins des collectivités. Nous travaillons afin de cerner leurs attentes, et ainsi, mieux les accompagner tout au long de leur mandature.
Une autre avancée majeure réside dans le plaidoyer que nous menons avec plusieurs villes du réseau VAE, notamment dans le cadre du comité technique portant sur les enfants sans domiciles. Ensemble, nous alertons les pouvoirs publics nationaux sur les questions d’hébergement des enfants sans domicile et sur les solutions à déployer pour répondre à leurs besoins.
Et quels sont les principaux défis ?
Actuellement, le réseau VAE est constitué de 300 villes. Un des principaux défis est de maintenir la taille du réseau tout en ayant un niveau d’exigence et d’engagement qui reste élevé.
Nous œuvrons à avoir un réseau de villes fortement mobilisées aux côtés de l’UNICEF France aussi bien dans les prises de position que dans la participation aux évènements organisés (ateliers, comités techniques, rencontres).
Les villes doivent également relever le défi de traiter la question des droits de l’enfant de manière transversale. Aujourd’hui, le programme VAE est encore majoritairement piloté par la direction de l’éducation ou celle de l’enfance. Pourtant, il concerne aussi bien ces directions que celle de l’aménagement du territoire, celle des solidarités ou encore du logement.
Un dernier message à adresser pour les villes qui n’ont pas rejoint le réseau VAE ?
Devenir Ville amie des enfants est le résultat d’une volonté forte de placer les droits de l’enfant au cœur de son mandat municipal. Tout au long de la mandature, les villes sont accompagnées par les équipes de l’UNICEF France et bénéficient d’un réseau de pairs avec qui elles peuvent partager leurs expériences.
L’échange est au cœur du programme VAE et la rencontre nationale qui se déroulera les 18 et 19 juin prochain en est l’exemple. 300 villes sont invitées à se retrouver à Lille pour discuter pendant 2 jours des sujets et des enjeux sur lesquels elles sont mobilisées au quotidien.
La rencontre nationale des Villes amies