Faire classe aux enfants déplacés
Publié le 08 février 2010
Au Yémen, 250 000 personnes sont aujourd’hui déplacées à cause du conflit entre forces gouvernementales et rebelles. A Al-Mazrak, trois camps ont vu le jour pour accueillir ces familles vulnérables. Et les effectifs de certaines écoles de la région ont été multipliés par dix…
L’école de Yarmouk se situe au cœur d’Al-Mazrak, un village au nord-ouest du Yémen, à la frontière avec l’Arabie saoudite. Il y a quelques mois, l’école accueillait 200 élèves. Aujourd’hui, ils sont plus de 2 000. Cet afflux a débuté en août 2009, lorsque les combats entre le gouvernement yéménite et les rebelles ont commencé. Des dizaines de milliers de familles ont fui la zone d’affrontements et se sont réfugiées dans la région désertique d’Al-Mazrak.
Du matériel pour les nouveaux écoliers
Environ 70% des élèves dans cette école sont aujourd’hui dans les classes de premier niveau (équivalent du CP en France) et la plupart d’entre eux vont en cours pour la première fois. Les enfants déplacés sont issus de familles qui vivaient avant dans des zones sans accès aux services publics.
L’Unicef a fourni des tentes et du matériel scolaire à l’école de Yarmouk mais aussi des cartables et des fournitures aux élèves. L’Unicef s’assure aussi de l’approvisionnement en eau et en poubelles pour les déchets. Sans oublier la construction de latrines. L’Unicef a aussi procuré des bureaux et des ordinateurs au personnel enseignant. Il a aussi fallu former et soutenir les instituteurs.
En quelques mois, les enseignants sont passés de cinq à trente-cinq dans l’établissement. Dont huit instituteurs – cinq hommes et trois femmes – recrutés au sein de la population locale et de la population déplacée, avec le soutien de l’Unicef. « Nous pensons qu’ils comprennent mieux la situation que n’importe qui d’autre », explique Tawfiq Radman, coordinateur éducation de l’Unicef.
Un directeur impliqué
« Avant, la partie la plus dure de la journée était la pause, lorsque les élèves sortaient en courant dans la cour de l’école et devaient être surveillés », explique Abdullah Rozoom, directeur de l’école depuis 5 ans. Aujourd’hui, ce Yéménite de 34 ans doit faire face à des problèmes qu’il n’aurait jamais imaginés.
Gérer un nombre accru d’élèves et d’enseignants est un véritable défi pour Abdullah Rozoom. Il préfèrerait évidemment que la situation soit à nouveau comme avant mais il reste impliqué, engagé pour ses élèves. Le directeur essaie de voir les points positifs de cette situation chaotique. Il explique pouvoir ainsi améliorer ses compétences, notamment dans le domaine du management. Et malgré cette situation très difficile, Abdullah ne pense pas à partir. « C’est ma communauté et cette école a besoin de moi ».