La moitié de la population sans eau !
Publié le 16 juin 2010
Au Niger, 52% de la population n’a toujours pas accès à l’eau potable. Objectif : étendre cet accès à 70% de la population en 2015. Un défi de taille, dont nous parle Moustapha Niang, spécialiste de l’eau et de l’assainissement au bureau de l’Unicef au Niger.
L’objectif d’atteindre 70% de couverture en eau potable à l’horizon 2015 est-il vraiment réalisable?
Oui, c’est réalisable. Mais il faudra beaucoup d’efforts pour mettre en œuvre les programmes de forage, de réhabilitation de nombreux points d’eau. Pour l’instant, 48% de la population au Niger a accès à l’eau potable. Nous travaillons avec tous nos partenaires pour renforcer ce secteur, avec des solutions spécifiques à ce pays. Notamment des forages manuels, moins coûteux, avec des pompes manuelles pour extraire l’eau.
Et quel accès à l’assainissement au Niger?
Ce chantier est encore plus grand que celui de l’eau potable ! Seuls 8% des Nigériens ont des latrines. De nombreux décès sont toujours attribuables aux diarrhées liées au manque d’assainissement de l’eau. Avec le gouvernement, nous avons pour objectif d’étendre l’assainissement à 50% de la population en 2015. Cela va être extrêmement difficile mais des stratégies existent.
Quelles stratégies?
Par exemple, des personnes sont formées pour faire le tour des villages et montrer quelles sont les conséquences de l’absence de latrines. Ils expliquent aux familles le lien entre les mouches qui se posent sur les excréments et ensuite sur la nourriture. Et les maladies que cela entraîne. A partir de là, en général, les gens comprennent et construisent des latrines fermées. Il suffit de creuser une fosse, de fermer avec un couvercle pour emprisonner les mouches à l’intérieur et de clôturer par une palissade. Et le tout est en matériaux locaux.
En plus de la promotion de latrines pour l’abandon de la défécation dans la nature, des volontaires, des leaders d’opinion se mobilisent pour apprendre aux populations la méthode et les moments – clés pour le lavage des mains au savon. Des imams expliquent cette pratique pendant leurs prêches. Si ces bonnes pratiques se généralisent, le taux de diarrhées pourrait baisser de 46% et de nombreuses vies pourraient ainsi être sauvées.
Traiter l’eau à domicile, pour la rendre propre à la consommation constitue aussi une très bonne stratégie de lutte contre les diarrhées.
Ce sont les stratégies très simples que préconise l’Unicef pour réduire le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.