Roms et privés d’école ?
Publié le 26 janvier 2010
En France, plusieurs milliers d’enfants roms ne sont aujourd’hui pas inscrits à l’école. Un collectif milite pour le droit à l’éducation de ces jeunes. Le point sur cette mobilisation avec le président de ce collectif, Michel Fèvre.
Qu’attendez-vous de la part des autorités? Une loi ?
Ce qu’on espère, c’est simplement l’application de la loi qui existe déjà. Tous les enfants doivent pouvoir être inscrits à l’école. Y compris les enfants roms.
Il n’y aucune raison pour que ces enfants n’entrent pas dans les écoles. Nous pouvons trouver des solutions ensemble. Le pire pour eux, c’est quand il n’y a rien, aucune solution, même provisoire.
Combien sont-ils à ne pas aller à l’école ?
Aujourd’hui en France, on estime que 4 000 à 5000 enfants roms sont ainsi en dehors des écoles - entre ceux qui ne sont pas scolarisés du tout et ceux qui abandonnent. Nous pensons qu’il leur faut une scolarisation, un accueil au périscolaire et dans les centres de loisirs, comme pour tous les autres enfants. Il ne faut pas les exclure sous prétexte qu’ils n’ont pas la même culture. Nous voulons arriver à convaincre que le droit ne se divise pas !
Quelles réponses obtenez-vous?
ll y a beaucoup de flou autour de ce sujet de la part des autorités. C’est incroyable d’entendre, comme en 2009, dans un ministère de l’Education : « Est-ce qu’ils ont vraiment envie d’aller à l’école?». Nous espérons que le discours va changer.
Il vous faut donc combattre des idées reçues ?
Les roms ont envie que leurs gamins aillent à l’école ! Ils sont sédentarisés, on n’a pas une juste image d’eux. Les familles sont volontaires, en général. Parfois, les problèmes pour la scolarisation des enfants viennent de leurs conditions de vie : s’ils n’ont pas l’eau potable chez eux, ils ne peuvent pas se laver et leurs camarades se moquent d’eux.
Dans d’autres familles, la scolarisation peut être compliquée car les enfants donnent des coups de main pour gagner de l’argent… Le pire, c’est quand tout ce travail pour la scolarisation a été fait et que la famille est finalement expulsée…Ensuite, la famille revient en France, en général dans une autre zone, et il faut de nombreuses semaines avant que l’enfant puisse retrouver les bancs de l’école. Après ce type d’événements, ces jeunes sont en rupture, en dehors des dispositifs. Ils n’ont pas accès à l’aide sociale à l’enfance. Certains risquent d'être attirés dans des circuits déliquants, parce qu'ils n'auront pas été protégés assez tôt ! Il y a du boulot pour briser les idées reçues mais on va y arriver. Il est possible de faire avancer tout ça.
Quelles difficultés pressentez-vous pour la scolarisation des ces enfants ?
Si l’on craint l’absentéisme de ces jeunes, il est important de rappeler qu’il est possible de travailler avec leurs familles comme nous le faisons avec d’autres jeunes et leurs familles. Une fois que la scolarité est mise en place, nous avons une légitimité auprès des familles.