Juba, Soudan du Sud, le 4 novembre 2025 – Les Nations Unies alertent aujourd’hui sur la gravité de la crise alimentaire et nutritionnelle qui perdure au Soudan du Sud et qui risque de s’aggraver si aucune action humanitaire urgente n’est mise en place.
Le dernier rapport de l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification), publié aujourd’hui, prévoit que plus de la moitié de la population, soit environ 7,56 millions de personnes, sera confrontée à une crise alimentaire ou à une situation encore plus grave au cours de la saison de soudure 2026, d’avril à juillet. Plus de deux millions d’enfants devraient également souffrir de malnutrition aiguë pendant cette période.
L’insécurité alimentaire est généralisée et continue de s’aggraver dans certaines régions du pays. La situation la plus préoccupante concerne les 28 000 personnes vivant dans les comtés de Luakpiny/Nasir et Fangak, qui sont confrontées à une famine catastrophique (phase 5 de l’IPC). Le sud du comté de Luakpiny/Nasir est menacé par la famine si les conflits persistent et les restrictions d’accès se maintiennent, tandis que les inondations et les épidémies se multiplient.
Les niveaux élevés de famine continuent d’être provoqués par divers facteurs, notamment l’escalade des conflits, les déplacements massifs de population, les restrictions d’accès, la crise économique, les chocs climatiques et la dégradation des capacités d’adaptation. Ces éléments forment ensemble un tissu complexe de vulnérabilité. En revanche, la situation en matière de sécurité alimentaire s’est légèrement améliorée dans les comtés où la paix est maintenue.
« La famine que nous constatons au Soudan du Sud est due en partie à la perturbation des saisons agricoles et des systèmes agroalimentaires qui sont pourtant suffisants pour répondre aux besoins alimentaires du pays », a déclaré Meshack Malo, représentant de la FAO au Soudan du Sud. « Il est essentiel d’instaurer une paix durable et de restaurer les systèmes agroalimentaires pour mettre fin à la famine. Lorsque les champs seront cultivés à nouveau et que les marchés seront réhabilités, les familles pourront retrouver leur dignité. »
L’accès humanitaire reste l’un des défis les plus cruciaux à l’heure actuelle. Dans de nombreuses régions du pays, l’insécurité, les pillages, le délabrement des routes et les inondations ont isolé des communautés entières pendant des mois. Cette situation empêche l’aide vitale d’atteindre les personnes qui en ont le plus besoin et aggrave leur vulnérabilité.
« Cette évolution est alarmante », a déclaré Mary-Ellen McGroarty, directrice nationale du PAM au Soudan du Sud. « Les niveaux persistants de malnutrition restent très préoccupants. Dans les comtés où la paix règne et où les acteurs humanitaires disposent d’un accès durable et de ressources, les populations ont fait les premiers pas vers la reconstruction. Si ces progrès sont encourageants, il est essentiel de maintenir cette dynamique afin de garantir un changement positif durable dans toutes les communautés touchées. »
Un nombre sans précédent de six comtés devraient également atteindre les niveaux les plus critiques de malnutrition aiguë en 2026, principalement en raison des déplacements liés aux conflits, de l’accès limité à la nourriture, à la nutrition, à l’eau et aux services de santé, ainsi que de la propagation d’une épidémie de choléra. Au total, 2,1 millions d’enfants de moins de cinq ans et 1,1 million de mères risquent de souffrir de malnutrition aiguë d’ici juin 2026.
« Cette analyse dresse un tableau très préoccupant, avec des niveaux persistants de malnutrition sévère chez les plus jeunes enfants. Ces enfants ne sont pas responsables des facteurs ayant provoqué les déplacements et la fermeture des centres de nutrition. Un accès sûr et la continuité des services de santé et de nutrition vitaux dans toutes les zones touchées sont essentiels et urgents », a déclaré Noala Skinner, représentante de l’UNICEF dans le pays.
Les agences humanitaires soulignent la nécessité cruciale d’un accès humanitaire sans entrave au Soudan du Sud, mais avertissent que la fenêtre d’opportunité pour intervenir se referme rapidement et qu’il est urgent d’agir. Un soutien immédiat et soutenu est essentiel pour sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et empêcher que la situation ne dégénère en une crise humanitaire encore plus grave.
Accéder au rapport complet de l’IPC ICI.