Un an après le passage du cyclone Chido et de la tempête Dikelédi, l’UNICEF France publie le rapport « Grandir à Mayotte : la situation des droits de l’enfant après Chido ».
Paris, le 10 décembre 2025 – Cette étude révèle une réalité alarmante : dans ce territoire où un habitant sur deux a moins de 18 ans et où 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, les enfants demeurent les premières victimes d’un cumul de crises sociales et climatiques.
Une catastrophe révélatrice des fragilités structurelles
Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024 avec des vents atteignant près de 230 km/h, a détruit plus d’un quart des habitations de l’archipel et gravement endommagé les infrastructures publiques essentielles, dont l’hôpital de Mamoudzou et les usines de traitement de l’eau.
Malgré la mobilisation rapide des acteurs locaux et associatifs, la coordination institutionnelle est restée insuffisante, révélant la fragilité des dispositifs de prévention et de gestion de crise, et la faiblesse de la prise en compte spécifique des enfants dans la réponse d’urgence.
Des droits fondamentaux mis à l’épreuve
Les conséquences de la catastrophe ont touché tous les aspects de la vie des enfants :
- Logement et protection : près de 50 000 personnes ont perdu leur habitat, et de nombreux enfants vivent encore dans des conditions précaires, parfois sans abri.
- Éducation : 40 % des établissements scolaires ont été détruits ou endommagés, aggravant une situation déjà marquée par une forte non-scolarisation.
- Santé et nutrition : le système de santé s’est retrouvé saturé, et les risques épidémiques ont augmenté, tout comme la malnutrition infantile.
- Accès à l’eau et à l’hygiène : des milliers d’enfants ont été privés d’eau potable durant des semaines et certaines distributions ont été conditionnées à la présentation de papiers d’identité, excluant de nombreuses familles.
Vulnérables parmi les vulnérables, les enfants étrangers et/ou en situation de migration à Mayotte vivent dans une insécurité juridique et sociale chronique, accentuée par des réformes récentes qui complexifient l’accès à la nationalité française. En 2024, 1 860 enfants ont été placés en rétention administrative à Mayotte, soit la quasi-totalité des enfants enfermés en France.
Les recommandations de l’UNICEF France
Face à ces constats, l’UNICEF France appelle à une refondation des politiques publiques à Mayotte, plaçant l’intérêt supérieur de l’enfant au centre des décisions. Parmi ses recommandations prioritaires :
- Renforcer la collecte des données sur l’enfance ;
- Garantir l’accès universel à l’éducation, à la santé, à l’eau et à la protection ;
- Intégrer les besoins des enfants dans toutes les politiques publiques et dans les plans de prévention et de résilience climatique ;
- Abroger les dérogations législatives discriminatoires en matière de logement et de droit des étrangers.
« Les enfants de Mayotte doivent être replacés au centre du projet politique pour l’île. Créer les conditions du respect de leurs droits est non seulement une responsabilité juridique, mais également la condition première de la reconstruction du territoire et de sa résilience », conclut Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.
Télécharger la synthèse du rapport ICI.
Télécharger le rapport complet ICI.
Notes aux rédactions :
L’UNICEF France, en partenariat avec l’AFP et le Cnam, présente son exposition photographique « Grandir à Mayotte après Chido », visible du 10 décembre 2025 au 30 janvier 2026 sur les grilles du Conservatoire national des Arts et Métiers, 292 rue Saint Martin, 75003 Paris. Un an après le passage du cyclone Chido, cette exposition revient en images sur la vie des enfants de l’île et met en lumière les impacts multiples de la catastrophe sur l’ensemble de leurs droits.