Résumé des propos de Roberto Benes, directeur régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes – à qui toute citation peut être attribuée – lors du point presse du porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies.
New York, le 14 octobre 2025 – « Aujourd’hui, les enfants haïtiens se réveillent sans savoir s’ils pourront aller à l’école en toute sécurité, trouver de quoi se nourrir ou même survivre à la journée sans être touchés par une balle perdue ou pris entre les échanges de tirs de groupes armés.
Plus de 3,3 millions d’enfants ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire. Cela signifie que trois enfants haïtiens sur quatre dépendent désormais de l’aide humanitaire dans le pays.
Des enfances brisées par les violences
La violence armée a brisé de trop nombreuses familles. Plus de 680 000 enfants ont été déplacés, beaucoup d’entre eux ayant été déracinés à plusieurs reprises. Les écoles, qui devraient être des refuges sûrs, sont fermées, et plus de 1 600 établissements ont été touchés en un an seulement. Les hôpitaux, qui devraient pouvoir soigner les blessés, sont débordés, soumis à des attaques ou tout simplement fermés.
Pour les enfants pris au piège des groupes armés, la situation est catastrophique. Le recrutement d’enfants a augmenté de 70 % en seulement un an. Aujourd’hui, jusqu’à la moitié des membres des groupes armés en Haïti sont des enfants, certains âgés d’à peine 10 ans.
La malnutrition est la principale préoccupation actuelle. Plus de 1,2 million d’enfants de moins de cinq ans vivent dans des zones touchées par une insécurité alimentaire aiguë, ce qui les expose à un risque accru de malnutrition aiguë. Dans les camps de déplacés, les familles dépendent essentiellement d’eau contaminée, favorisant ainsi la propagation du choléra et des maladies diarrhéiques. Ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont des vies brisées, des enfances volées et des avenirs anéantis.
Au cœur du chaos, l’espoir haïtien persiste
Malgré tout, les Haïtiens ne baissent pas les bras et continuent de faire preuve d’espoir et de résilience.
La semaine dernière, j’ai visité un camp de déplacés surpeuplé à Port-au-Prince, une école qui avait été fermée et occupée par des groupes armés, mais qui a aujourd’hui rouvert ses portes, ainsi qu’un hôpital qui est le seul établissement public encore en activité dans la capitale.
J’ai rencontré des médecins, des enseignants, des enfants et des familles qui m’ont inspiré. Des professeurs qui continuent à donner cours dans des abris de fortune, des médecins qui opèrent avec le strict minimum, des familles qui insistent pour que leurs enfants poursuivent leur scolarité malgré les difficultés, ou encore des jeunes qui contribuent à identifier les cas de malnutrition, à mettre les familles en relation avec les services sociaux essentiels et à sensibiliser à l’importance des pratiques d’hygiène pour aider à enrayer la propagation du choléra.
Les Haïtiens incarnent l’espoir.
L’UNICEF lance une « Alerte Enfants »
Mais ne vous y méprenez pas : Haïti se trouve à un point de rupture. L’avenir de toute une génération est en jeu.
C’est pourquoi l’UNICEF a lancé la semaine dernière une « Alerte Enfants » sur Haïti.
L’Alerte Enfants n’est pas un simple rapport parmi d’autres. Loin de là. Il s’agit d’un appel à l’action fondé sur des preuves concrètes, mettant en lumière l’une des crises les plus urgentes et les plus négligées au monde pour les enfants. Chaque Alerte Enfants rassemble des données, des témoignages et des preuves recueillies sur le terrain par les équipes et les partenaires de l’UNICEF.
Son objectif est de rompre avec la lassitude mondiale et de veiller à ce que le monde entier prenne conscience de la situation des enfants haïtiens, non pas comme une lointaine tragédie, mais comme une responsabilité commune.
Nous ne pouvons pas laisser les enfants d’Haïti dans l’ombre ou dans l’oubli.
Notre message est clair
Notre message est clair, il faut :
- Rétablir un accès humanitaire sûr et sécurisé, car l’aide doit parvenir à tous les enfants, en particulier ceux qui sont pris au piège de la violence ;
- Augmenter immédiatement les financements afin que l’aide vitales et les services de protection puissent se poursuivre ;
- Protéger les enfants déplacés en leur offrant un abri sûr, des soins psychosociaux, une éducation et la possibilité d’être réuni avec leur famille ;
- Reconstruire les services essentiels dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’eau et de l’assainissement ;
- Investir dans un processus de reconstruction axé autour des enfants, car l’avenir d’Haïti en dépend.
Pour conclure, je dirais qu’il s’agit de l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde, mais elle n’est pas sans espoir. Si une action urgente est menée, les enfants haïtiens pourront être protégés et recevoir l’aide nécessaire pour grandir, apprendre, guérir et s’épanouir.
Les enfants en Haïti sont en danger et il est urgent d’agir pour leurs permettre de retrouver une sécurité, leurs écoles et leur avenir. Merci. »
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