L'univers UNICEF France

My Unicef logo

Trouvez des informations,
des activités ludiques et éducatives, des ressources pédagogiques ou comment créer un projet solidaire

Découvrir
Ville amie logo

297 villes et intercommunalités ont intégré le réseau Ville amie des enfants pour le mandat 2020/2026. Rejoignez le grand réseau Ville amie des enfants

Découvrir

Le programme École amie
des droits de l’enfant vise à faire de l’école un lieu plus juste, plus inclusif et plus participatif

Découvrir

La e-boutique UNICEF fait peau neuve. Plus claire, plus moderne, toujours solidaire

Découvrir
Photo prise à Mannheim, en Allemagne, le 08/06/2024 au Festival de la Jeunesse. © UNICEF/UNI595827/Stroisch

L'Observatoire des droits de l'enfant

En savoir plus
haïti IDP déplacements camps violences armées enfants

Haïti : les enfants confrontés à une crise sans précédent

New York, le 28 aout 2025 – « Bonjour. Merci, Monsieur l’Ambassadeur Alfaro, et Monsieur l’Ambassadeur, d’avoir organisé conjointement cette réunion d’information, et de nous donner l’occasion de nous adresser aujourd’hui à ce Conseil au sujet de la crise dramatique à laquelle sont confrontés les enfants en Haïti.

Je remercie le Secrétaire général pour son engagement profond et constant en faveur de la protection des enfants touchés par les conflits armés. Et un grand merci à Jean Jean Roosevelt, ambassadeur national de l’UNICEF, pour sa passion, son art et son dévouement à la protection des enfants contre la violence.

Excellences, depuis ma dernière intervention sur la situation en Haïti il y a près d’un an, la crise humanitaire s’est aggravée, s’étendant au-delà de la capitale, Port-au-Prince, à d’autres régions du pays. Les enfants haïtiens continuent de subir des souffrances inimaginables dans un contexte de violence armée brutale.

Comme l’a déclaré le Secrétaire général en 2024, Haïti figurait parmi les cinq pays figurant sur la liste des enfants et conflits armés ayant enregistré le plus grand nombre de violations graves avérées à l’encontre d’enfants dans le monde.

L’année dernière, l’ONU en Haïti a vérifié plus de 2 000 violations graves commises contre des enfants. Cela représente une augmentation de près de 500 % par rapport à l’année précédente. L’augmentation du taux de violations s’est poursuivie en 2025. Au cours du premier trimestre de cette année, on a constaté une augmentation de 25 % par rapport au premier trimestre de 2024.

Le plus alarmant est l’augmentation de près de 700 % des cas de recrutement et d’utilisation d’enfants par les groupes armés, ainsi qu’une augmentation de 54 % des meurtres et des mutilations. Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit là que des cas que nous avons pu vérifier – nous pensons que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.

Les enfants sont tués et mutilés lors des affrontements entre groupes armés, en particulier dans les zones densément peuplées de Port-au-Prince. Nous avons également vérifié des cas d’enfants exécutés sommairement. L’arrivée de nouveaux groupes armés et de technologies plus sophistiquées, notamment des armes explosives, dans les combats expose encore davantage la sécurité des enfants. Le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés se sont généralisés.

Nous estimons que les enfants représentent actuellement 50 % des membres des groupes armés actifs aujourd’hui.

Les enfants sont contraints de participer directement aux combats armés. D’autres sont utilisés comme messagers, guetteurs, porteurs d’armes ou sont exploités pour des tâches domestiques, des rôles qui les exposent à des dommages physiques et psychologiques graves et permanents.

Les enfants sont également victimes de violences sexuelles effroyables ayant atteint des niveaux sans précédent. En 2024, le nombre de cas signalés de violences sexuelles contre des enfants a augmenté de 1 000 % par rapport à l’année précédente.

Comme vous pourrez le constater dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, l’ONU a estimé que plus d’un quart de tous les cas de violences sexuelles avérés étaient des viols collectifs.

Il s’agit là d’une véritable stratégie visant à terroriser les communautés et à infliger des traumatismes physiques et psychologiques durables aux enfants, en particulier aux filles, qui constituent la majorité des victimes et des survivantes.

Excellences, face à cette situation dramatique pour les enfants, l’UNICEF et ses partenaires se voient refuser l’accès nécessaire pour apporter l’aide humanitaire dont ils ont désespérément besoin, ce qui, j’ajouterais, constitue également une grave violation des droits des enfants.

En 2023, l’ONU a recensé cinq incidents de refus d’accès humanitaire, tandis que l’année dernière, ce nombre a grimpé en flèche pour atteindre 728. En refusant l’accès humanitaire, les groupes armés compromettent la capacité des acteurs humanitaires à atteindre les 1,6 million d’enfants et de femmes qui se trouvent dans les zones sous leur contrôle. Cela entrave également nos efforts pour surveiller et signaler les violations graves commises.

Le mois dernier, six membres du personnel de l’UNICEF ont été pris en otage par un groupe armé alors qu’ils menaient une mission humanitaire vitale. Heureusement, ils ont depuis été libérés, mais cet incident illustre les dangers auxquels sont confrontés nos collègues humanitaires sur le terrain. Les travailleurs humanitaires ne sont pas et ne doivent jamais être des cibles.

Malgré ces défis et l’insécurité, l’UNICEF et ses partenaires continuent d’œuvrer sur le terrain pour apporter une aide vitale à ceux qui en ont besoin. En collaboration avec nos partenaires, nous avons soigné 21 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, fourni des soins de santé à 117 000 personnes et approvisionné 140 000 personnes en eau potable depuis le début de l’année.

Nous poursuivons nos efforts pour dialoguer et négocier avec les acteurs des groupes armés afin de prévenir et de mettre fin aux violations graves des droits des enfants. Nous aidons également les autorités à mettre en place un système adapté aux enfants et respectueux de leurs droits afin de réagir lorsque des violations sont signalées. Depuis 2024, le gouvernement haïtien et l’UNICEF ont démobilisé et réintégré plus de 140 enfants dans le cadre du Protocole pour la remise des enfants associés à des groupes armés.

Et le mois dernier, le gouvernement haïtien, en collaboration avec l’UNICEF, a officiellement lancé le Programme de prévention et de réadaptation contre le recrutement des enfants et des jeunes. Ce programme triennal vise à protéger les enfants contre le recrutement, l’exploitation et la violence, tout en leur offrant des solutions et un soutien pour leur réintégration.

Mais il faut faire bien plus encore pour protéger les enfants haïtiens du fléau de la violence qui s’est emparé de leurs communautés. Aujourd’hui, je demande aux membres de ce Conseil d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour protéger les enfants et de soutenir des actions concrètes visant à prévenir de nouvelles violations.

Je vous demande d’exiger que tous les groupes armés cessent leurs attaques contre les écoles et les hôpitaux, libèrent immédiatement les enfants qu’ils ont recrutés et permettent aux travailleurs humanitaires d’accéder sans entrave et en toute sécurité aux communautés dans le besoin.

Je vous demande d’appeler les forces de sécurité sur le terrain à donner la priorité à la sécurité et à la protection de tous les enfants, à veiller à ce qu’ils soient traités avant tout comme des enfants et à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de nouveaux meurtres et blessures d’enfants, y compris ceux qui ont été recrutés.

Je vous demande de soutenir le gouvernement haïtien et ses partenaires afin qu’ils accordent la priorité aux droits des enfants dans toutes les politiques publiques et à travers des investissements dans les services sociaux. Cela inclut l’éducation, les soins de santé, la justice et la protection des enfants. Cela comprend également la réintégration des enfants actuellement ou anciennement associés à des groupes armés, ainsi que des enfants qui ont été victimes de violences sexuelles et d’autres violations graves.

Enfin, nous appelons les donateurs à faire preuve de solidarité envers le peuple haïtien et à contribuer aux appels de fonds. Le Plan d’intervention humanitaire visant à répondre aux besoins de près de 4 millions de personnes en Haïti n’est financé qu’à hauteur de 10 %. Sans le soutien immédiat des donateurs, nos services d’aide et de protection vitaux pour les plus démunis sont gravement menacés.

Excellences, les violations graves des droits des enfants en Haïti ou ailleurs dans le monde ne peuvent être tolérées. Chaque enfant mérite d’avoir la chance d’être en sécurité, en bonne santé et de vivre en paix. Mais la paix ne peut être forgée et maintenue que si les enfants sont protégés et considérés comme une priorité.

L’UNICEF est prêt à travailler avec ce Conseil, avec les enfants et les communautés haïtiennes, et avec tous les partenaires engagés dans cette cause.

Nous devons réagir de toute urgence en nous engageant ensemble à tenir enfin la promesse d’une société pacifique et prospère pour tous les enfants d’Haïti.

Je vous remercie. »