Déclaration de l’UNICEF suite à l’introduction, par certains pays, d’une interdiction d’accès aux réseaux sociaux pour les enfants.
New York, le 10 décembre 2025 – « Partout dans le monde, les gouvernements débattent de l’âge minimum auquel les enfants devraient être autorisés à utiliser les réseaux sociaux, certains introduisant des restrictions liées à l’âge sur différentes plateformes.
Ces restrictions reflètent une préoccupation légitime : les enfants sont confrontés au harcèlement, à l’exploitation et à l’exposition à des contenus préjudiciables en ligne, ce qui a des répercussions négatives sur leur santé mentale et leur bien-être. Le statu quo nuit aux enfants et accable les familles.
Si l’UNICEF se félicite de l’engagement croissant en faveur de la sécurité des enfants en ligne, l’interdiction des réseaux sociaux comporte ses propres risques et peut même avoir des effets pervers.
Les réseaux sociaux ne sont pas superflus : pour de nombreux enfants, en particulier ceux qui sont isolés ou marginalisés, ils constituent une bouée de sauvetage qui leur permet d’accéder à l’apprentissage, à la communication, au jeu et à l’expression personnelle. Par ailleurs, de nombreux enfants et jeunes trouveront toujours le moyen d’accéder aux réseaux sociaux, que ce soit en contournant les restrictions, en partageant des appareils ou en se tournant vers des plateformes moins réglementées, ce qui rendra leur protection encore plus difficile.
Les restrictions d’âge doivent s’inscrire dans une approche plus large qui protège les enfants contre les dangers en ligne, respecte leurs droits à la vie privée et à la participation, et évite de les pousser vers des espaces numériques non réglementés et moins sûrs. La réglementation ne doit pas se substituer aux investissements des plateformes dans la sécurité des enfants. Les lois introduisant des restrictions d’âge ne remplacent pas les efforts des entreprises pour améliorer la conception des plateformes et la modération des contenus.
L’UNICEF appelle les gouvernements, les organismes de réglementation et les entreprises à travailler avec les enfants et les familles pour créer des environnements numériques sûrs, inclusifs et respectueux des droits des enfants. Pour cela :
- Les gouvernements doivent veiller à ce que les lois et réglementations relatives à l’âge ne se substituent pas aux obligations des entreprises d’investir dans la conception de plateformes plus sûres et dans une modération efficace des contenus. Ils doivent également contraindre les entreprises à assumer pleinement leurs responsabilités en identifiant et en traitant de manière proactive les effets négatifs de leurs services sur les droits de l’enfant.
- Les réseaux sociaux et les entreprises technologiques doivent repenser leurs produits en plaçant au premier plan la sécurité et le bien-être des enfants. Cela implique d’investir dans la conception de plateformes plus sûres, dans une modération des contenus réellement efficace, ainsi que dans le développement d’outils de vérification de l’âge respectueux des droits. Ils doivent aussi proposer des expériences différenciées, offrant aux jeunes utilisateurs des environnements en ligne plus sûrs et adaptés à leur développement. Ces protections doivent s’appliquer dans tous les contextes, y compris dans les pays fragiles ou touchés par des conflits, où les capacités institutionnelles de régulation et de mise en œuvre des protections peuvent être limitées.
- Les autorités de régulation doivent disposer de leviers et de mécanismes systémiques afin de prévenir et d’atténuer efficacement les préjudices en ligne subis par les enfants.
- La société civile et les partenaires doivent amplifier la voix et les expériences vécues des enfants, des jeunes, des parents et des personnes qui s’occupent d’eux dans les débats sur les limites d’âge des réseaux sociaux. Les décisions concernant les meilleures façons de protéger les enfants à l’ère numérique doivent s’appuyer sur des données fiables, y compris celles provenant directement des enfants.
- Les parents et les personnes qui s’occupent d’enfants doivent bénéficier d’un accompagnement renforcé pour développer leurs compétences numériques. Leur rôle est crucial, mais on leur demande aujourd’hui l’impossible pour protéger leurs enfants en ligne : surveiller des plateformes qu’ils n’ont pas conçues, contrôler des algorithmes qu’ils ne peuvent pas voir et gérer des dizaines d’applications en continu.
L’UNICEF s’engage à poursuivre son action pour et avec les enfants, les jeunes et les familles afin de garantir que la législation, la régulation et la conception des technologies reflètent les opinions, les besoins et les droits des enfants. Nous sommes prêts à travailler avec les gouvernements, les entreprises et les communautés pour que chaque enfant puisse apprendre, communiquer et s’épanouir en toute sécurité à l’ère numérique. »
Lire la note d’orientation de l’UNICEF : « Définir des limites dans les espaces numériques »
Lire le rapport de l’UNICEF « L’enfance à l’ère numérique »
Accéder aux dernières recommandations de l’UNICEF sur « L’IA et les enfants »