RDC : en Ituri, l'intensification des violences prive 130 000 enfants supplémentaires d'éducation
Le nombre d’enfants non scolarisés dans la province a dépassé le million.
Bunia, le 29 mai 2025 – Dans la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), L’intensification du conflit, les combats intercommunautaires et les déplacements de population qui en résultent privent des centaines de milliers d’enfants d’un accès à l’éducation.
Plus de 290 écoles ont été endommagées ou détruites cette année, privant 130 000 enfants supplémentaires d’accès à l’enseignement et portant à plus de 1,3 million le nombre total d’enfants non scolarisés dans la province.
Le droit à l’éducation sacrifié sur l’autel de la violence
Entre janvier et avril 2025, la dernière flambée de violence en Ituri a déplacé plus de 100 000 personnes, parmi lesquelles la moitié sont des enfants. Au cours de ces quatre mois, au moins 205 personnes ont été tuées et les violations graves commises contre des enfants, notamment les enlèvements, les mutilations, les violences sexuelles et le recrutement et l’utilisation par des groupes armés, ont augmenté de 32 % par rapport à la même période l’année dernière.
« Depuis son commencement, nous qualifions la crise dans l’est de la RDC de crise humanitaire », a déclaré John Agbor, représentant de l’UNICEF en RDC. « Mais il est évident qu’il s’agit également d’une urgence éducative. En Ituri, la violence et les conflits bafouent le droit des enfants à l’éducation, les exposant ainsi à un risque accru d’être recrutés par des groupes armés, exploités et maltraités. »
Dans l’est de la RDC, pour l’ensemble des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika, le nombre d’enfants touchés par le conflit et non scolarisés dépasse 1,8 million.
L’action de l’UNICEF menacée par la baisse des financements
L’UNICEF reste présent sur le terrain en Ituri, où ses équipes fournissent une aide d’urgence et soutiennent la résilience des communautés. Depuis janvier 2025, l’UNICEF et ses partenaires ont aidé 267 enfants anciennement associés à des groupes armés à se réintégrer dans leurs communautés, dont 130 filles. Plus de 23 800 enfants ont bénéficié d’un soutien psychosocial et d’une aide en santé mentale dans des espaces adaptés aux enfants, et près de 900 victimes de violences sexuelles ont reçu un ensemble complet de soins, comprenant des traitements médicaux, un soutien psychologique, un accès à l’éducation et à la réintégration socio-économique.
Malheureusement, sans un financement supplémentaire urgent, ces efforts sont menacés.
« Nous faisons tout notre possible pour répondre à la crise, mais les besoins sont immenses et nos ressources sont insuffisantes », a ajouté John Agbor. « Il est fondamental d’investir dans des solutions à long terme qui donnent la priorité à l’éducation préscolaire, à des systèmes éducatifs alternatifs pour les enfants déplacés et non scolarisés, à la santé mentale et au soutien psychologique, ainsi qu’aux services de santé essentiels. Il ne s’agit pas de luxes, mais des conditions indispensables pour que les enfants puissent grandir en sécurité, dans la dignité et réaliser leur plein potentiel. »
L’éducation préscolaire reste particulièrement sous-développée dans la province, où seulement 4 % des enfants âgés de 3 à 5 ans sont inscrits dans des programmes d’apprentissage préscolaire, privant ainsi nombre d’entre eux des bases nécessaires à garantir leur bon développement tout au long de leur vie.
La malnutrition chronique aggrave encore la crise, touchant plus de la moitié des enfants de moins de 5 ans. En 2024, l’UNICEF a traité plus de 18 600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère en Ituri. En 2025, l’objectif est d’atteindre plus de 38 700 enfants, mais seul un tiers des zones de santé disposent actuellement de services de nutrition opérationnels, en grande partie faute de financement.
L’UNICEF a besoin de 57 millions de dollars de fonds pour répondre à la crise dans l’est de la RDC. À ce jour, 35,6 millions de dollars ont été mobilisés, ce qui représente un déficit de financement de 22 millions de dollars américains.
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