L’UNICEF alerte sur les conséquences dévastatrices de l’épidémie de choléra, qui touche près d’un enfant sur quatre.
Kinshasa, le 5 décembre 2025 – L’épidémie de choléra qui frappe la République démocratique du Congo (RDC) a eu des effets dévastateurs, avec un total de 64 427 cas recensés depuis le début de l’année, dont 1 888 décès. Parmi les victimes, on compte 14 818 enfants et 340 décès, ce qui en fait la pire épidémie que le pays ait connue depuis 25 ans, a déclaré aujourd’hui l’UNICEF.
L’épidémie a perturbé l’éducation des enfants, les exposant à la maladie et les forçant à assister à la souffrance et à la perte de membres de leur famille. L’un des cas les plus tragiques est celui des 16 enfants sur 62 vivant dans un foyer collectif à Kinshasa qui sont décédés quelques jours après que la maladie ait ravagé l’orphelinat.
« Les enfants congolais ne devraient pas être aussi gravement touchés par une maladie qui est tout à fait évitable », a déclaré John Agbor, représentant de l’UNICEF en RDC. « L’UNICEF encourage ses partenaires gouvernementaux à accroître leurs investissements dans les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement, d’hygiène et de santé, en particulier dans les zones où le choléra est très présent, afin de mieux protéger la santé et le bien-être des familles et des enfants congolais. »
Une propagation de l’épidémie aggravée par les conflits, le climat et l’urbanisation
17 des 26 provinces que compte la RDC sont actuellement touchées, y compris la capitale Kinshasa. La proportion de cas impliquant des enfants varie selon les provinces, mais s’élève en moyenne à environ 23,4 % à l’échelle nationale.
L’accès limité à l’eau et aux services d’assainissement continue de favoriser la propagation du choléra dans le pays. Selon l’enquête démographique et sanitaire (EDS) 2024-2025, seuls 43 % de la population ont accès à des services d’approvisionnement en eau de base – le taux le plus bas d’Afrique – et seulement 15 % ont accès à des installations sanitaires de base.
La crise du choléra est davantage aggravée par les conflits persistants, les déplacements de population et l’insécurité qui règnent dans l’est de la RDC, limitant l’accès aux services de santé ; par des événements climatiques extrêmes tels que les fortes pluies et les inondations qui endommagent les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement ; et par une urbanisation rapide et non structurée qui a conduit à une surpopulation urbaine et à une saturation des systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH). Dans les régions peu exposées au choléra auparavant, comme Kinshasa, la faible sensibilisation à la maladie et les retards dans la recherche de soins contribuent à des taux de mortalité exceptionnellement élevés.
Des actions renforcées contre le choléra …
Le gouvernement a élaboré un plan national visant à éradiquer le choléra, connu sous le nom de Plan multisectoriel d’élimination du choléra (PMSEC) 2023-2027, dont le budget prévisionnel s’élève à 192 millions de dollars. Cependant, ce plan souffre d’un grave sous-financement, et l’évaluation à mi-parcours réalisée en mai 2025 préconise une augmentation des investissements et une coordination multisectorielle plus solide.
En réponse à l’épidémie de 2025, le gouvernement a également récemment mis en place l’initiative « Fleuve Congo sans choléra » afin de s’attaquer spécifiquement à l’absence de mesures de contrôle du choléra dans les ports, au manque de programme d’assainissement pour les bateaux, à la sensibilisation des membres d’équipage et des passagers, et à l’accès à l’eau potable le long du fleuve.
L’UNICEF travaille dans plusieurs secteurs pour prévenir et lutter contre le choléra, notamment en soutenant les équipes d’intervention rapide qui suivent l’approche CATI (Case-Area Targeted Intervention), une stratégie qui aide à maîtriser les épidémies en menant des actions rapides et ciblées auprès des ménages vivant à proximité d’un cas confirmé.
L’UNICEF soutient également les centres de traitement du choléra, mène des initiatives d’engagement communautaire pour s’assurer que les familles disposent des informations nécessaires pour se protéger, et s’efforce de solidifier les structures WASH dans les écoles, les centres de santé et les communautés.
… malgré un besoin critique de financements pour 2026
Grâce aux initiatives d’engagement communautaire soutenues par l’UNICEF, plus de 13,5 millions de personnes à travers le pays ont reçu, entre janvier et octobre 2025, des informations sur la manière de prévenir et de lutter contre le choléra.
« Outre le recours au gouvernement pour qu’il investisse dans les services de santé, l’eau potable et des infrastructures sanitaires adéquates, nous faisons également appel à nos partenaires internationaux pour obtenir des financements, en particulier pour notre intervention rapide », a déclaré John Agbor. « Le financement prévu pour 2026 semble très fragile, et sans fonds supplémentaires ni action coordonnée, de nombreuses autres vies seront perdues. »
L’UNICEF a besoin d’environ 6 millions de dollars en 2026 pour garantir le financement adéquat du mécanisme d’intervention rapide contre le choléra.
Notes aux rédactions :
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