Une enquête nutritionnelle exhaustive menée dans la localité d’Um Baru a révélé que plus de 50 % des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition aiguë.
New York/ Port Soudan, le 29 décembre 2025 – Les nouvelles données issues de la dernière enquête SMART* menée par l’UNICEF dans la localité d’Um Baru, dans le Darfour du Nord, au Soudan, indiquent que plus de la moitié des enfants examinés souffraient de malnutrition aiguë, et qu’un enfant sur six souffrait de malnutrition aiguë sévère (MAS), une condition potentiellement mortelle pouvant entraîner le décès d’un enfant en quelques semaines si elle n’est pas traitée.
Un taux de malnutrition globale parmi les plus élevés au monde
L’enquête nutritionnelle, menée entre le 19 et le 23 décembre auprès de pas moins de 500 enfants, a révélé un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 53 %, 18 % des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) et 35 % de malnutrition aiguë modérée (MAM), Ce taux est l’un des plus élevés jamais enregistrés au monde dans le cadre d’une enquête nutritionnelle standardisée. Il est plus de trois fois supérieur au seuil d’urgence de 15 % fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Lorsque la malnutrition aiguë sévère atteint un tel niveau, le temps joue un rôle crucial », a déclaré Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF. « Les enfants d’Um Baru luttent pour leur survie et ont besoin d’une aide immédiate. Chaque jour sans un accès sûr et sans entrave à l’aide alimentaire accroît le risque que ces enfants s’affaiblissent davantage et souffrent ou succombent à des causes pourtant évitables. »
Le taux de mortalité a atteint des niveaux alarmants, soulignant le risque imminent et mortel qui menace les enfants.
De nombreux résidents de la localité font partie des familles récemment déplacées qui ont fui la violente escalade des combats à Al Fasher fin octobre. Beaucoup d’enfants parmi eux n’ont pas été vaccinés contre la rougeole ou d’autres maladies pouvant être prévenues par la vaccination, ce qui les rend particulièrement vulnérables.
Un accès à l’aide humanitaire de plus en plus restreint
Cette crise survient dans un contexte d’insécurité croissante qui a fortement limité l’accès humanitaire et retardé le déploiement d’une aide vitale. La poursuite des combats dans la région entraîne des ralentissements dramatiques dans l’intensification des interventions humanitaires, pourtant si urgentes.
Le Darfour du Nord reste l’épicentre de la crise nutritionnelle qui frappe le Soudan. Depuis novembre, près de 85 000 enfants souffrant de malnutrition sévère y ont été pris en charge. L’UNICEF a prépositionné des fournitures vitales, telles que des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATP), mais des services de santé et de nutrition intégrés sont nécessaires d’urgence, compte tenu de l’ampleur de la crise.
L’UNICEF exhorte toutes les parties au conflit à garantir un accès immédiat, sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires afin que l’aide vitale puisse parvenir aux enfants et à leurs familles pris au piège par les combats. Sans une trêve humanitaire convenue et respectée, les travailleurs humanitaires ne pourront pas fournir en toute sécurité de la nourriture, de l’eau potable, des soins médicaux ou des services de protection, et les enfants continueront de payer le plus lourd tribut. La communauté internationale – y compris les États qui ont une influence sur les parties au conflit – doit intensifier de toute urgence la pression diplomatique et politique afin de garantir qu’une trêve humanitaire soit convenue, mise en œuvre et respectée.
Notes aux rédactions :
* Les enquêtes SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions) permettent d’évaluer l’état nutritionnel d’une population, en particulier dans les situations d’urgence.
- Bien que la collecte des données ait été raccourcie d’un jour en raison de l’insécurité croissante, les exigences minimales SMART ont été respectées et la qualité des données jugée fiable.
- L’enquête a révélé un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 53 %, soit plus de trois fois le seuil d’urgence fixé par l’OMS.
- Les enfants de moins de cinq ans représentaient 26 % des personnes vivant au sein des ménages, un chiffre bien supérieur à l’estimation de 17 %, ce qui indique un afflux et une absorption importants de familles déplacées, probablement à la suite de la récente escalade du conflit et des mouvements de population.
- Un enfant sur trois avait été malade au cours des deux semaines précédant l’enquête, principalement souffrant de fièvre, de toux ou de diarrhée, ce qui indique un accès très limité aux services de santé. La couverture vaccinale contre la rougeole s’élevait à 24 % et la supplémentation en vitamine A à 11 %.
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