L'univers UNICEF France

My Unicef logo

Trouvez des informations,
des activités ludiques et éducatives, des ressources pédagogiques ou comment créer un projet solidaire

Découvrir
Ville amie logo

297 villes et intercommunalités ont intégré le réseau Ville amie des enfants pour le mandat 2020/2026. Rejoignez le grand réseau Ville amie des enfants

Découvrir

Le programme École amie
des droits de l’enfant vise à faire de l’école un lieu plus juste, plus inclusif et plus participatif

Découvrir

Notre boutique en ligne solidaire se refait une beauté. Nous vous informerons de la date de reprise dès que possible.

Découvrir
Photo prise à Mannheim, en Allemagne, le 08/06/2024 au Festival de la Jeunesse. © UNICEF/UNI595827/Stroisch

L'Observatoire des droits de l'enfant

En savoir plus
Adeline Hazan, présidente de l'UNICEF France, février 2025. ©UNICEF France/ Steinboim
Adeline Hazan, présidente de l'UNICEF France, février 2025. ©UNICEF France/ Steinboim

TRIBUNE - « Le projet de loi de refondation de Mayotte ne prend pas en compte les besoins spécifiques des enfants »

Mayotte traverse une crise multidimensionnelle qui frappe de plein fouet les enfants : avec un taux de mortalité infantile de 8,9 ‰, soit plus du double de la moyenne hexagonale, et alors que près de 80 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, la situation exige une action immédiate. Les conditions de vie se dégradent face à des taux alarmants de malnutrition, un accès aux soins défaillant et un habitat largement insalubre. Cette précarité s’aggrave encore avec l’absence de solutions de relogement pour les familles sinistrées, contraintes de reconstruire des abris de fortune qui les exposent à des conditions sanitaires déplorables et aux risques croissants des catastrophes climatiques.

Sur le territoire, les structures d’accueil pour la petite enfance sont quasi inexistantes, tout comme les activités périscolaires, tandis que près de 9 500 enfants se voient privés d’école, faute d’infrastructures suffisantes et en raison d’obstacles persistants à la scolarisation des enfants étrangers. Cette défaillance systémique fragilise particulièrement les familles monoparentales et met en tension l’ensemble du système de protection de l’enfance, alors que les services de prévention, gravement sous-financés, peinent déjà à assurer leur mission.

Dans ce contexte extrêmement critique, la situation est particulièrement alarmante pour les enfants étrangers et/ou en situation de migration, dont les droits fondamentaux sont systématiquement bafoués. Alors que la situation de précarité extrême renforce le repli sur soi, la discrimination envers les étrangers s’installe durablement, entravant la libre circulation de milliers d’enfants et privant toute une génération de perspectives. Cette rupture d’égalité compromet les chances de développement et d’épanouissement de ces enfants, mais elle hypothèque aussi l’avenir même du territoire.

En vertu de la Convention internationale des droits de l’enfant, refonder Mayotte exige de placer les enfants au cœur du projet, tant pour les protéger que pour reconnaître leur rôle essentiel dans le changement. Or, le projet de loi de programmation, dans sa forme actuelle, fait l’impasse sur leurs besoins spécifiques. Garantir un accès inconditionnel à l’éducation, à la santé, à une protection adaptée et à un environnement sain constitue à la fois un impératif moral et une condition indispensable pour l’avenir de l’île.

Si certaines avancées méritent d’être saluées – convergence des droits, fin des classes itinérantes et du système de rotation, création d’un fonds périscolaire – plusieurs dispositions du texte soulèvent de vives inquiétudes au regard des droits de l’enfant et des recommandations du Comité des Nations unies.

Ainsi de la création prévue d’unités familiales qui, sous couvert d’alternative, ne font que perpétuer une logique d’enfermement des familles avec enfants, alors que la fin de l’enfermement administratif des enfants était initialement prévue en 2027. De même, la fin du droit inconditionnel à une proposition de relogement dans le cadre de la politique de destruction des habitations précaires signe l’augmentation massive du phénomène d’enfants à la rue.

Face à l’urgence de la situation, les parlementaires portent une responsabilité historique : celle de combler les lacunes d’un texte qui néglige l’enfance dans la refondation de Mayotte. Il est impératif que les pouvoirs publics y intègrent une approche fondée sur les droits de l’enfant dans toutes leurs politiques – justice, logement, santé, éducation, protection. Cette exigence n’est pas optionnelle : elle constitue une obligation juridique qui engage la France.

L’Unicef France est prêt à accompagner institutions, collectivités et acteurs de terrain dans cette mission essentielle. Au-delà des discours sécuritaires et des logiques de tri qui prévalent aujourd’hui, seule une reconnaissance pleine et entière des droits de l’enfant permettra une véritable refondation du département le plus jeune de France.

Signataire :

  • Adeline HAZAN, présidente de l’UNICEF France