SOMMAIRE
1. Le contexte à Mayotte
2. La situation des droits de l’enfant à Mayotte après Chido
3. Mayotte face aux catastrophes naturelles
4. Le mandat de l’UNICEF France
5. Nos recommandations
Le contexte à Mayotte
Surnommée l’île aux parfums, Mayotte se situe dans l’archipel des Comores, dans l’océan Indien, entre Madagascar et la côte du Mozambique. 101e département français, il s’étend sur une superficie d’environ 375 km² et est principalement constitué de 2 îles.
Avec une population passée de 10 000 à 321 000 habitants entre 1950 et 2024, on recense près de 511 habitants au km², faisant de Mayotte la deuxième île la plus peuplée du sud-ouest de l’océan Indien après l’île Maurice.
Mayotte est ainsi le territoire le plus jeune et le plus pauvre de France.
“50 % de la population a moins de 18 ans et 8 enfants sur 10 vivent en situation de grande pauvreté”
La situation des droits de l’enfant à Mayotte après Chido
À la suite du passage du cyclone Chido en décembre 2024, puis de la tempête Dikélédi, Mayotte a connu l’une des pires crises humanitaires de son histoire récente.
Déjà marqué par la pauvreté, l’insécurité et la faiblesse des infrastructures, le territoire a vu la situation des enfants se dégrader brutalement.
Grandir à Mayotte : La situation des droits de l’enfant après Chido
Grandir à Mayotte : La situation des droits de l’enfant après Chido
L’évaluation de la situation des enfants à Mayotte reste entravée par un manque criant de données fiables et actualisées. Les informations disponibles sur la santé, l’éducation ou la protection sont partielles et souvent obsolètes, rendant difficile la mesure réelle des besoins. Cette carence empêche de concevoir des politiques publiques fondées sur des preuves et adaptées à la réalité du terrain.
Les droits fondamentaux mis à l’épreuve
Près de 50 000 personnes ont perdu leur habitat. Les enfants sinistrés ont souvent été hébergés dans des structures inadaptées, sans encadrement professionnel. Les opérations de destruction d’habitats précaires se sont poursuivies sans solution de relogement suffisante, créant un risque majeur d’enfants à la rue. L’UNICEF appelle à réaffirmer le droit inconditionnel au relogement et à former les travailleurs sociaux à une approche fondée sur les droits de l’enfant.
Avant Chido, entre 5 000 et 9 000 enfants n’étaient déjà pas scolarisés. Le cyclone a détruit ou endommagé 40 % des établissements scolaires, provoquant un retard massif dans l’apprentissage pour de nombreux enfants supplémentaires. Malgré un fonds d’amorçage de 100 millions d’euros, la reconstruction des établissements est lente. L’UNICEF France demande la création d’un observatoire de la non-scolarisation, la fin des refus d’inscription et une accélération du plan de reconstruction éducative, qui devra tenir compte des risques climatiques.
Le système de santé, concentré autour du Centre hospitalier de Mamoudzou, a été submergé. Les risques épidémiques (gastro-entérites, typhoïde, chikungunya) se sont multipliés. Les troubles psychologiques et la malnutrition infantile ont augmenté. L’UNICEF France préconise de renforcer les équipes mobiles de santé, de sanctuariser les lieux de soins et de déployer des dispositifs de repérage précoce.
Des milliers d’enfants ont été privés d’eau potable durant des semaines. Les bornes-fontaines monétiques restent sous-dimensionnées et dysfonctionnelles. Les distributions, parfois conditionnées à la présentation de papiers d’identité, ont exclu des familles de l’accès à l’eau. L’UNICEF recommande de doubler le nombre de bornes, de sanctuariser les points d’eau, et de garantir l’accès gratuit à l’eau potable dans les écoles et quartiers vulnérables.
Mayotte face à des crises multiples (pauvreté, migration et climat)
Mayotte cumule les vulnérabilités. Le changement climatique, la pauvreté, les déficiences des services publics et les dérogations législatives qui touchent les étrangers aggravent la précarité des enfants de l’île. Les enfants étrangers, souvent nés sur le territoire mais privés de nationalité française, vivent dans une insécurité juridique et sociale chronique. L’UNICEF alerte sur les nouvelles dispositions législatives de 2025 qui durcissent les conditions d’accès à la nationalité et au séjour, renforçant la marginalisation de milliers d’enfants.
L’enfermement administratif d’enfants demeure une pratique grave : 1 860 mineurs ont été placés en rétention en 2024 à Mayotte, soit presque tous les enfants enfermés en France. Malgré les engagements de la loi de 2024, l’application différée et les nouvelles « unités familiales » prévues par la loi Mayotte perpétuent une privation de liberté contraire à la CIDE.
“Cette accumulation de crises a un effet dévastateur sur la vie des enfants. Plusieurs d’entre eux sont traumatisés et se cachent sous les lits ou les tentes dès qu’il y a du vent.”
Mandat de l’UNICEF France
En France, y compris dans les collectivités d’outre-mer, le mandat de l’UNICEF repose sur trois axes : la collecte de fonds destinés aux financements de nos actions sur le terrain et à notre plaidoyer en faveur d’une meilleure mise en œuvre des droits de l’enfant et la sensibilisation du public français à ces droits.
De ce fait, l’UNICEF n’a pas vocation, à ce jour, à intervenir directement sur le terrain.
Néanmoins, la défense des droits de l’enfant à Mayotte est une priorité de l’UNICEF France et l’association agit via le plaidoyer qu’elle mène auprès des autorités et institutions locales et nationales pour une meilleure protection et réalisation de ces droits.
En 2025, l’UNICEF France a conduit une mission afin d’évaluer l’impact des catastrophes sur les droits de l’enfant et de proposer des recommandations pour une reconstruction durable, résiliente et inclusive.
Nos recommandations
- Placer les droits de l’enfant au cœur de la reconstruction : intégrer systématiquement la voix et les besoins des enfants dans les politiques publiques.
- Renforcer la collecte de données sur l’enfance pour orienter des actions fondées sur les faits.
- Abroger les dérogations discriminatoires en matière de logement et de droit des étrangers.
- Garantir l’universalité de l’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau et à la protection.
- Anticiper et prévenir les crises liées au changement climatique, en veillant à intégrer les besoins spécifiques des enfants, ainsi qu’en travaillant sur les résiliences des infrastructures.