COP28 : un autre avenir est encore possible

Déclaration de Kitty van der Heijden, directrice générale adjointe de l’UNICEF, à l’issue de la COP28.

New York, le 12 décembre 2023 – « Les négociations sur le climat de la COP28 ont donné lieu à des avancées bienvenues sur la nécessité urgente de s’attaquer aux causes profondes du changement climatique – les combustibles fossiles – et à quelques lueurs d’espoir pour des avancées en matière de justice climatique pour les enfants. Désormais, afin d’espérer pouvoir transformer ces mots en actions, nous avons besoin d’une augmentation significative des financements climatiques.

Passer des paroles aux actes

Pour la première fois, la COP a prêté attention aux impacts uniques et disproportionnés du changement climatique sur la santé et le bien-être des enfants, en proposant un « dialogue d’experts » à ce sujet qui aura lieu pendant le processus officiel de la COP l’année prochaine. Cela ouvre la voie au changement pour les enfants qui subissent de plein fouet le changement climatique. L’UNICEF est disposé à apporter tout son soutien à ce processus.

Entre-temps, l’objectif mondial d’adaptation, qui vise à aider les pays à se doter de moyens de défense pour résister aux risques climatiques, a été renforcé pour les enfants. En acceptant de nouveaux objectifs thématiques sur l’eau, la santé et la nutrition, et en faisant référence à la protection sociale et à l’éducation, la COP a envoyé un signal fort aux ministères concernés pour qu’ils renforcent la résilience climatique des services dont les enfants ont besoin, comme les écoles, les systèmes de santé, d’eau et d’assainissement. Il faut maintenant augmenter le financement international de l’adaptation pour que cela devienne une réalité.

Et lorsque l’adaptation au climat est absente ou mise en échec, les enfants sont les grands perdants. Les pertes humaines et les pertes de moyens de subsistance engendrées par le changement climatique incontrôlé, dû aux émissions historiques, constituent une grave injustice intergénérationnelle dont les enfants sont les victimes. La décision prise lors de la COP28 de rendre opérationnel et de capitaliser le Fonds pour les pertes et dommages a constitué une étape importante dans la résolution de ce problème. Si elle est bien mise en œuvre, elle devrait permettre aux enfants qui survivent aux catastrophes climatiques de pouvoir au moins compter sur la reconstruction de leurs écoles, le rétablissement des services de santé pédiatrique et la sécurisation de leurs lieux de vie et de loisirs.

Traiter les symptômes et les causes

Ces nouveaux engagements sont nécessaires et bienvenus. Ils ont été obtenus, en grande partie, grâce aux efforts incroyables des jeunes défenseurs des droits de l’homme du monde entier, soutenus par l’UNICEF.

Grâce à l’objectif mondial d’adaptation et au Fonds pour les pertes et dommages, les dirigeants mondiaux commencent à traiter les symptômes dommageables d’une hausse alarmante des températures. Cependant, tant que nous n’aurons pas pris des mesures opportunes pour maintenir la hausse des températures dans la limite de 1,5 degré, les causes profondes ne seront pas traitées.

Le document intitulé « Global Stocktake » (GST) a innové en reconnaissant que la limitation de l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré nécessite des réductions drastiques des émissions mondiales de gaz à effet de serre et une transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Nous avons maintenant besoin de toute urgence d’un calendrier clair pour y parvenir, qui soit compatible avec l’objectif d’une réduction globale nette à zéro et d’une transition rapide, équitable et respectueuse de l’enfant.

Les enfants et les jeunes seront à la tête du changement

Un autre avenir est encore possible. Une transition rapide, équitable et respectueuse des enfants leur offre une chance de développer de nouvelles compétences, de créer de nouveaux emplois et de construire un monde sain, sûr et prospère. Les enfants n’attendront pas et ne pourront pas attendre que les adultes agissent, ils seront à la tête du changement et il incombe aux adultes de les aider à acquérir les compétences, les ressources et les opportunités nécessaires pour y parvenir.

Cette année, nous avons accueilli avec enthousiasme la toute première journée thématique consacrée aux enfants lors de la COP, et nous nous félicitons du renforcement de la mission des jeunes champions pour le climat, afin d’impliquer directement les enfants et les jeunes dans l’action climatique et dans le processus de la COP. Il est juste d’offrir aux jeunes une plateforme pour qu’ils puissent s’exprimer. Mais ce n’est pas suffisant. Si les adultes se contentent de « passer le micro », ils risquent aussi de « se renvoyer la balle ». Il est temps que les dirigeants du monde prennent au sérieux leurs responsabilités, non seulement en écoutant les jeunes, mais aussi en agissant pour protéger les enfants vulnérables confrontés au changement climatique, en particulier les moins de 10 ans.

Au cours des deux prochaines années, les gouvernements devront préparer et présenter de nouveaux plans d’action nationaux pour le climat, connus sous le nom de Contributions déterminées au niveau national (CDN). Nous exhortons les dirigeants mondiaux à saisir cette opportunité et à travailler pour faire de la COP30 une COP des enfants – où nous pourrons garantir le seuil de 1,5 degré d’augmentation globale de la température dont la prochaine génération a besoin, et où tous les plans d’atténuation, d’adaptation, de pertes et dommages et de financements placeront les enfants au cœur de leurs préoccupations. »