SOMMAIRE
Le 7 octobre 2023, l’interminable conflit entre Israël et l’Etat de Palestine a pris une tournure dramatique. La montée d’effroyables violences a eu des conséquences dévastatrices sur des milliers de familles. Le nombre de victimes est sidérant des deux côtés. Parmi elles, un nombre invraisemblable d’enfants.
Le 24 novembre, un accord de cessez-le-feu a été conclu pour permettre la libération d’otages et l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. La trêve humanitaire qui devait durer initialement 4 jours a été prolongée jusqu’au 29 novembre. 86 otages Israéliens, 240 prisonniers Palestiniens et 24 otages d’origine étrangère ont été libérés. Des centaines de camions ont également permis de distribuer des fournitures vitales dans la bande de Gaza.
Mais le répit des populations a été de courte durée. Les bombardements ont repris quelques secondes après la fin du cessez-le-feu.
“La peur est revenue. Les blessés aussi. Des corps ensanglantés ont été acheminés en urgence alors que j’étais sur place.
Il est illusoire de croire que de nouvelles attaques contre la population de Gaza ne déboucheront sur rien d’autre que sur un véritable carnage.”
Un lourd bilan
L’escalade des hostilités qui dure depuis deux mois dans la bande de Gaza et en Israël est la plus meurtrière depuis 2006.
Au 7 décembre, le bilan faisait état d’au moins 1 200 morts dont 36 enfants et plus de 7 500 blessés en Israël. 138 personnes seraient encore retenues en otage.
Dans la bande de Gaza, 16 248 personnes, dont plus de 5 350 enfants et au moins 3 250 femmes, seraient décédées. Près de 30 000 personnes auraient été blessées dont 9 000 enfants. Au moins 4 500 personnes, dont 3 500 enfants, sont portées disparues. Les femmes et les enfants représentent 70 % des victimes. Le bilan s’alourdit chaque jour de façon stupéfiante. La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant.
La Cisjordanie est également le théâtre de violences. Au moins 66 enfants ont été tués et de nombreux autres ont dû quitter leur foyer.
Depuis le 7 octobre, un grand nombre de travailleurs humanitaires ont été tués dont 109 collègues de l’UNRWA.
Selon les dernières estimations, dans la bande de Gaza :
2,2 million de personnes ont besoin d’une aide humanitaire
1 million d’enfants dans la bande de Gaza sont affectés par la guerre
322 bâtiments scolaires ont été endommagés
2/3 des hôpitaux ne fonctionnent plus
Dans la bande de Gaza, les maisons et les infrastructures essentielles sont en ruine. Plus de 1,9 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du territoire, la moitié étant des femmes et des enfants. La majorité est actuellement hébergée dans 156 abris d’urgence désignés par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
L’unique centrale électrique de la région a épuisé ses dernières réserves d’énergie le 11 octobre. Depuis, l’eau, l’électricité et le traitement des eaux usées sont coupés. Le 2 décembre, l’hôpital Al Awda, situé dans le centre de Gaza a annoncé que son stock de carburant pour faire fonctionner les générateurs et les ambulances était épuisé. Sans essence, il risque de fermer. C’était le principal hôpital qui fournissait encore des services de maternité.
Les hôpitaux ne sont plus en capacité d’accueillir plus de patients. Le système de santé est effondré, le personnel médical est à bout de souffle.
“Je me suis rendue dans la bande de Gaza pour aller à la rencontre d’enfants, de leurs familles et du personnel de l’UNICEF. Ce que j’y ai vu et entendu est dévastateur. La population a enduré des bombardements répétés, des pertes et des déplacements. Il n’y a aucun endroit sûr à l’intérieur de la bande de Gaza pour les 1 million d’enfants qui y vivent”
Protéger inconditionnellement chaque enfant
Les images et les récits sont sans équivoque : de nombreux enfants souffrent et sont traumatisés. Ceux qui survivent à la guerre verront leur vie bouleversée. Depuis le début des hostilités, ils sont exposés chaque jour à des scènes d’horreurs. La violence et les bouleversements qui les entourent peuvent induire un stress toxique qui interfère avec leur développement physique et cognitif.
Avant même cette dernière escalade, plus de 540 000 enfants de Gaza, soit la moitié de la population infantile, avaient été identifiés comme ayant besoin d’un soutien psychosocial et en santé mentale.
L’effondrement quasi-total des services médicaux dans la bande de Gaza met en péril la vie des enfants. En accord avec le droit international humanitaire, il est impératif que les services essentiels soient protégés et accessibles à tout instant. A travers la déclaration de sa directrice générale, l’UNICEF demande la libération et la protection immédiate de tout enfant séquestré. Il est impératif d’accorder une protection spéciale pour chaque enfant dans le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
Les équipes de l’UNICEF mobilisées
Les acteurs humanitaires ont été exhortés à quitter la bande de Gaza, mais l’UNICEF reste présent dans la partie sud de l’enclave afin d’aider les familles pour qui l’acheminement de l’aide est une question de vie ou de mort.
Une première cargaison de fournitures humanitaires des Nations unies et du Croissant-Rouge égyptien, bien que limitée, est entrée à Gaza samedi 21 octobre, par le point de passage de Rafah. Depuis, ce sont plus de 100 camions de l’UNICEF qui ont pu rentrer transportant de l’eau, des fournitures médicales et des kits d’hygiène.
En lien avec plusieurs agences des Nations Unies et le Croissant-Rouge palestinien, nous avons distribué 1 062 tonnes de nourriture, 890 tonnes de bouteilles d’eau, 185 tonnes de tentes et de couvertures à travers différents refuges depuis le début de la trêve humanitaire. Nous avons également distribué 164 tonnes de fournitures médicales à l’hôpital de Al Ahli dans la ville de Gaza. A cela s’ajoutent 75 000 litres d’essence qui ont pu entrer à Gaza, le mercredi 23 novembre. Des dizaines de camions sont en attente de validation au point de Rafah pour apporter plus de fournitures médicales et de l’eau potable.
L’aide humanitaire apportée entre le 27 novembre et le 3 décembre
En termes d’eau, hygiène et assainissement
- Nous avons distribué 333 000 litres d’eau dans les abris de l’UNRWA pour répondre aux besoins de plus de 66 000 personnes dont 34 250 enfants
- L’UNICEF a mis à disposition 177 000 litres d’essence pour garantir le fonctionnement de 66 puits. Ainsi, 1 million de personnes ont eu accès à de l’eau potable dans les régions de Deir Al Balah, Khan Younis, et Rafah
- 7 418 kits familiaux d’urgence ont été distribués au profit de 44 400 personnes
- 4 000 conteneurs d’eau ainsi que des comprimés de purification de l’eau sont entrés par le point de passage de Rafah
- 26 000 personnes, dont plus de 13 000 enfants ont bénéficié des services de nettoyage dans les abris
En termes de santé
- L’UNICEF, à travers ses partenaires, à déployé des cliniques mobiles qui fournissent les soins médicaux de première nécessité, des consultations post natales et le suivi des grossesses à risque
- Avec l’aide de nos partenaires, 374 000 personnes dont des femmes, des adolescentes et des nouveau-nés ont bénéficié de fournitures médicales de première nécessité dans toute la bande de Gaza
- 80 000 femmes et nouveau-nés ont été vaccinés et ont reçu des soins de premières nécessité en Cisjordanie
- Nous travaillons également à l’évacuation des bébés malades
En termes de nutrition
- 33 300 femmes enceintes et allaitantes ont reçu des traitements contre l’anémie
- 15 000 enfants de moins de 5 ans ont reçu des biscuits thérapeutiques
- 16 000 enfants âgés de 2 à 5 ans ont reçu des compléments alimentaires
- 260 000 enfants de moins de 5 ans ont reçu de la vitamine A et du zinc
En termes d’éducation
- 13 500 enfants ont bénéficié d’activités récréatives dans près de 31 camps de déplacés.
En termes de protection sociale
- Plus de 250 000 personnes ont reçu des transferts d’argent pour se procurer des biens de première nécessité tels que de l’eau potable, de la nourriture et des produits d’hygiène.
Dans cette guerre, comme dans toutes les guerres, ce sont d’abord et surtout les enfants qui paient le prix du conflit. L’UNICEF appelle à une pause humanitaire immédiate et à un accès sécurisé afin de mettre en place des services vitaux pour les enfants et d’en assurer la continuité.
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Nos réponses à vos questions
L’UNICEF est une organisation impartiale et neutre. Nous avons pour objectif de soutenir tous les enfants vulnérables, où qu’ils se trouvent et quels que soient leur origine ethnique, leur sexe, leur nationalité.
L’UNICEF est profondément préoccupé par l’impact physique et mental de la violence sur les enfants et leurs familles. Nous appelons à la fin de la violence et exhortons toutes les parties à protéger inconditionnellement les enfants, en vertu du droit international humanitaire.
Depuis le 7 octobre, ce sont plus de 100 camions qui ont pu rentrer transportant de l’eau, des fournitures médicales et des kits d’hygiène. Ces réserves s’épuisent aujourd’hui en raison des grands besoins humanitaires à Gaza. Les camions transportant de nouvelles fournitures de secours passent au compte-goutte. L’UNICEF se tient prêt à intensifier son aide avec des fournitures de secours pré-positionnées à la frontière entre l’Egypte et Gaza.
Dans les pays à haut revenu, comme Israël, le gouvernement s’acquitte lui-même des tâches que l’UNICEF soutient dans les pays moins prospères. Dans ce pays, les services publics de l’Etat répondent aux besoins des enfants, tant en matière de santé, que d’accès à l’éducation, de participation ou de protection. Le Fonds UNICEF en Israël n’a pas d’actions programmatiques opérationnelles sur son territoire qui requerraient un appel à la générosité publique.
Par ailleurs, le mandat de l’action de l’UNICEF s’inscrit toujours en plein coopération avec les gouvernements. A ce jour, les autorités israéliennes n’ont pas fait appel à l’UNICEF pour répondre à la crise actuelle. Plus d’informations ici.
L’enlèvement d’enfants constitue une violation grave. L’UNICEF condamne fermement ces tragiques atteintes aux droits. Tout enfant détenu par une partie au conflit doit être protégé et libéré immédiatement et sans condition. L’UNICEF rappelle à toutes les parties l’obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire, d’accorder une protection spéciale aux enfants.
Nous saluons la libération des otages ayant eu lieu pendant le cessez-le-feu temporaire. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.
- Un cessez-le-feu immédiat.
- La libération immédiate et inconditionnelle de tout enfant séquestré. Nous demandons également l’arrêt de toute violation grave contre les enfants, y compris les meurtres et les blessures.
- L’ouverture de tous les points de passage vers la bande de Gaza et la circulation en toute sécurité des travailleurs et des fournitures humanitaires dans la bande de Gaza. Il est impératif de garantir un accès durable et sans entrave de l’aide humanitaire aux populations touchées.
- Les cas médicaux urgents à Gaza doivent pouvoir accéder en toute sécurité aux services de santé essentiels ou être autorisés à partir. Les enfants blessés ou malades qui sont évacués doivent être accompagnés par des membres de leur famille.
- Le respect et la protection des infrastructures civiles telles que les abris, les écoles, les installations sanitaires, électriques, d’eau et d’assainissement. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit humanitaire international.