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© UNICEF/UNI697641/Naftalin

Pia Britto : "Veiller à ce que chaque enfant trouve sa place dans le système éducatif"

L’éducation est l’un des rares systèmes à atteindre plus de 90 % des enfants dans le monde. Présent dans plus de 140 pays, l’UNICEF collabore étroitement avec les ministères de l’Éducation pour co-piloter la mise en œuvre des plans sectoriels et accompagner les gouvernements dans le renforcement de leurs systèmes éducatifs.

À l’occasion du troisième numéro de la newsletter Impact, l’UNICEF France a recueilli le témoignage de Pia Rebello Britto sur l’état actuel de l’éducation et les défis pour l’avenir. 

“Les défis restent immenses, mais l’ambition, elle aussi, reste claire : veiller à ce que chaque enfant trouve sa place dans le système éducatif ”
Pia Rebello Britto
Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents de l’UNICEF

Pia Rebello Britto a été nommée Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents au sein de l’UNICEF en août 2024. Elle dirige la stratégie de l’UNICEF sur ce sujet en accompagnant la mise en œuvre d’initiatives d’apprentissage pour les enfants dans le monde entier. 

© Thibault Desplats

Retrouvez l’intégralité de l’interview avec Pia Britto ici

Chaque enfant naît avec un potentiel d’apprentissage inné, c’est une donnée biologique universelle. L’UNICEF a fait de cette réalité le socle de son action : transformer cette capacité en opportunités réelles.  

À l’occasion de ses 80 ans, l’organisation célèbre de nombreuses avancées, parmi lesquelles l’éducation des filles constitue un exemple emblématique. Si ce droit semble aujourd’hui acquis, il demeure pourtant un défi quotidien. L’UNICEF a joué un rôle moteur en lançant l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles, contribuant ainsi à inscrire cette priorité parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Mais l’éducation ne se limite pas à un droit fondamental : elle constitue aussi un levier essentiel pour l’ensemble des Objectifs de développement durable (ODD), en lien direct avec la santé, la nutrition, la résilience climatique ou encore l’égalité des genres.  

Avant de prendre mes fonctions à New York, j’ai représenté l’UNICEF au Laos, où j’ai pu mesurer concrètement l’ampleur de la confiance que le gouvernement accordait à l’organisation. Cela s’est confirmé lors de la pandémie de COVID-19 : alors que les écoles fermaient et que les pays étaient confrontés à une situation inédite, les gouvernements, jusqu’aux plus hautes sphères, se sont tournés vers l’UNICEF pour guider la réouverture des écoles et préparer l’avenir. Ce symbole fort illustre la place unique de l’organisation dans l’éducation mondiale.  

Grâce à son histoire, sa présence et son envergure, l’UNICEF continue de faire de l’éducation le cœur battant de son action. L’organisation se situe à la croisée des priorités nationales et des dynamiques de la mondialisation. Car si chaque pays avance selon ses propres objectifs, tous œuvrent également, avec l’UNICEF, à la réalisation des ODD, en particulier l’ODD 4 dédié à l’accès de tous à une éducation de qualité. L’UNICEF agit ainsi comme une passerelle unique, respectant les ambitions nationales tout en faisant progresser le développement durable au niveau mondial.  

Dans un monde où les États défendent leurs priorités tout en affrontant des défis communs, des acteurs tels que l’UNICEF jouent un rôle essentiel pour maintenir ce lien. L’organisation porte des ambitions globales, mais leur mise en œuvre se décline à l’échelle de chaque pays. 

L’exemple de la France et du Laos illustre parfaitement cette dynamique L’UNICEF y facilite les partenariats et les échanges diplomatiques autour d’un objectif partagé : celle de garantir une éducation de qualité pour tous les enfants.  

Cette question est particulièrement pertinente, car c’est précisément dans les contextes de crise que les systèmes éducatifs échouent le plus souvent – et les filles en sont les premières victimes. Ce constat se répète inlassablement, et cela m’inquiète profondément.  

L’aide publique au développement (APD) est aujourd’hui en recul, et cela soulève une question majeure : qu’adviendra-t-il de l’éducation en situation d’urgence ?

Dans les contextes de développement, les budgets nationaux peuvent encore, dans une certaine mesure, financer l’éducation.  Mais dans les crises humanitaires, il n’y a pas de filet de sécurité budgétaire.

“La baisse de l’APD va aggraver la situation. Actuellement, près de 234 millions d’enfants en contexte d’urgence n’ont pas accès à une éducation de qualité, un chiffre en constante augmentation : 35 millions de plus rien que ces dernières années.”
explique Pia Rebello Britto
Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents de l’UNICEF

Et, comme cela a été souligné auparavant, les filles sont touchées de manière disproportionnée : premières victimes de violences sexuelles, premières retirées de l’école par leurs familles, et parmi les plus exposées aux conséquences du changement climatique.

L’an dernier, je me trouvais dans la province du Sindh, au Pakistan, où la moitié des écoles avait été détruite à la suite des terribles inondations. Dans de telles conditions, il est peu probable que des parents acceptent d’envoyer leurs filles dans des écoles plus éloignées et peu sécurisées. Cette réalité met gravement les filles en danger. Mais il existe aussi des raisons d’espérer, et je suis fière de constater que les efforts de reconstruction peuvent être des leviers de transformation en matière de genre.  

En travaillant étroitement avec les gouvernements et les communautés, l’UNICEF intègre cette dimension dans les politiques éducatives. Ce n’est pas une démarche uniforme, mais une approche plurielle, adaptée aux réalités locales.

Des élèves discutent devant le centre d’éducation communautaire soutenu par l’UNICEF dans le village de Jar Qalandar, dans la province de Badghis, en Afghanistan. Photo prise en octobre 2024. © UNICEF/UNI697641/Naftalin
Des élèves discutent devant le centre d’éducation communautaire soutenu par l’UNICEF dans le village de Jar Qalandar, dans la province de Badghis, en Afghanistan. Photo prise en octobre 2024. © UNICEF/UNI697641/Naftalin

Concrètement, cela signifie former les enseignants et les communautés à répondre aux besoins spécifiques des filles ; créer des espaces temporaires d’apprentissage sûrs, protecteurs et offrant un soutien psychosocial ; développer des solutions d’apprentissage à distance pour celles qui ne peuvent pas retourner à l’école ; convaincre les familles de les réinscrire et mettre en place des mesures de protection sociale adaptées. L’objectif, bien que complexe, est que le système éducatif soit capable de faire face à ces besoins et d’y répondre de manière flexible.  

L’un des exemples les plus emblématiques et qui me tient particulièrement à cœur est celui de l’Afghanistan. Dans ce pays où environ 400 000 filles sont privées d’éducation, l’UNICEF a développé un modèle d’enseignement communautaire qui rapproche l’école des foyers. Car exiger que les filles sortent de chez elles pour rejoindre une salle de classe, c’est se heurter à des résistances insurmontables. En amenant l’école à domicile, tout change. Ce modèle repose sur un travail considérable de sensibilisation, foyer par foyer, avec l’appui des leaders locaux.  

“Grâce à ce travail mené par l’UNICEF, les mentalités commencent à évoluer, les familles comprennent que l’éducation peut exister dans cet espace familier, et ainsi les communautés s’impliquent progressivement. C’est un changement de paradigme majeur, porteur de véritables signes d’espoir.”
confie Pia Rebello Britto
Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents de l’UNICEF
“Je souhaite conclure sur une note d’espoir, avec conviction. La crise éducative mondiale est immense, je n’en minimise pas les défis. Mais je crois aussi que nous vivons un moment charnière : des outils puissants existent désormais, qui permettent d’imaginer une véritable transformation du système éducatif. ”
confirme Pia Rebello Britto
Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents de l’UNICEF

Le prochain plan stratégique de l’UNICEF mettra l’accent sur les leviers suivants : 

Le premier grand levier : une meilleure intégration des sciences de l’apprentissage, en particulier grâce aux avancées en neurosciences, pour améliorer la qualité de l’enseignement. Comprendre comment le cerveau apprend et traduire ces connaissances dans les pratiques pédagogiques pourrait révolutionner les méthodes éducatives actuelles. Les modèles éducatifs actuels, hérités d’une logique industrielle, appartiennent au passé ; aujourd’hui, l’ère est à l’apprentissage individualisé, et les neurosciences offrent les moyens d’y répondre.

Un deuxième levier : les technologies éducatives. Utilisées avec discernement, elles ouvrent des perspectives extraordinaires. Elles ne remplacent pas les enseignants ni les interactions humaines, mais peuvent accélérer les progrès, analyser des données à l’échelle des classes et des systèmes, et mieux orienter les politiques éducatives. Leur potentiel d’impact est immense.

Le troisième levier : l’intégration de solutions d’adaptation au changement climatique dans les systèmes éducatifs. Ce domaine reste trop peu exploré alors qu’il existe déjà, partout dans le monde, des approches remarquables en matière de résilience climatique. L’école doit désormais s’en saisir.

Mais au cœur de tout changement, il y a l’enseignant. La profession traverse une crise : il manque aujourd’hui 44 millions d’enseignants pour atteindre les ODD, et beaucoup quittent le métier faute de reconnaissance et de valorisation. Imaginer des enseignants formés aux sciences de l’apprentissage, dotés d’outils numériques adaptés et de ressources concrètes, c’est imaginer une école profondément transformée. L’impact serait considérable, pour les élèves comme pour l’efficacité des systèmes éducatifs. 

“Aujourd’hui, l’UNICEF peut également influencer la façon dont les technologies éducatives sont conçues, ou encore renforcer les capacités des enseignants.”
conclut Pia Rebello Britto
Directrice mondiale de l’éducation et du développement des adolescents de l’UNICEF

Je suis convaincue qu’il est possible, dans chaque pays, de transformer au moins une école en vitrine des nouvelles approches : un modèle intégrant technologies, neurosciences et résilience climatique, qui rayonnerait à l’échelle nationale.  

Ce n’est pas un rêve inaccessible. L’UNICEF est présente dans plus de 140 pays, ce qui rend cette ambition parfaitement réalisable. Il y a donc beaucoup de raisons d’espérer.

© Thibault Desplats

Retrouvez l’intégralité de l’interview avec Pia Britto ici