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Le 24 septembre 2019, l'ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, Muzoon Almellehan, visite la salle de classe en plastique recyclé installée au siège des Nations Unies pendant l'Assemblée générale annuelle. © UNICEF/UNI208370/McIlwaine
© UNICEF/UNI208370/McIlwaine

Muzoon Almellehan, «L’éducation m’a sauvée alors que je croyais avoir tout perdu» 

Réfugiée syrienne installée au Royaume-Uni, Muzoon Almellehan a fui la guerre à seulement 14 ans.  

Devenue Ambassadrice de l’UNICEF, elle incarne aujourd’hui la voix de millions de filles privées d’éducation dans le monde, notamment dans les pays en situation de crise humanitaire.  

De son parcours dans le camp de Zaatari, en Jordanie, jusqu’aux tribunes des plus grandes scènes internationales, elle défend une conviction forte : l’éducation est bien plus qu’un droit, c’est une bouée de sauvetage pour se reconstruire.

Quand vous repensez à votre parcours, quels moments ont été les plus difficiles à surmonter pour poursuivre vos études ? 

J’ai traversé de nombreuses épreuves, mais le plus bouleversant a sans doute été le début de la guerre en Syrie. Du jour au lendemain, nous n’étions plus en sécurité : ni à l’école, ni même chez nous. Ma scolarité s’est brutalement interrompue et nous avons dû fuir pour notre sécurité. 

Quitter mon pays a été de loin l’une des décisions les plus dures de ma vie. J’ai dû tout laisser derrière moi : ma maison, mon école, mes repères, mes amis… pour rejoindre le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie, considéré comme le plus grand camp de réfugiés au Moyen-Orient

Là-bas, les difficultés étaient innombrables : pas d’électricité, pas d’accès à internet pour apprendre, et parfois, pas même d’eau potable – à moins de marcher des heures pour en trouver –. 

“Malgré ces épreuves, j’ai choisi de ne pas abandonner et de ne pas baisser les bras. J’étais déterminée à continuer d’apprendre pour donner un sens à ma vie. C’est l’espoir de retourner un jour à l’école qui m’a permis de tenir. ”

Heureusement, les équipes de l’UNICEF étaient présentes. Elles travaillaient sans relâche pour nous donner accès à une éducation de qualité. Grâce à ce soutien, j’ai pu rêver d’un avenir meilleur non seulement pour moi, mais pour les autres enfants du camp, et même pour mon pays.

“ J’ai souhaité que ce rêve soit aussi la réalité de tous les enfants du camp. C’est ce qui m’a poussée à prendre la parole, à sensibiliser les familles, à discuter avec les filles et les garçons autour de moi – parce que l’éducation est une bouée de sauvetage, surtout quand on a tout perdu.”

À ce jour, on estime que 251 millions d’enfants âgés de 6 à 18 ans, dont 129 millions de filles, sont déscolarisés. Que vous évoquent ces chiffres ?

C’est une réalité bien triste. Lorsque les conflits éclatent ou que les catastrophes naturelles se produisent sur une région, l’éducation est le premier service interrompu et très souvent, le dernier rétabli.  

Pour les enfants pris au piège des crises humanitaires, la souffrance est double. Et les filles, elles, sont affectées de façon disproportionnée.  

Elles sont exposées aux violences, contraintes au mariage alors qu’elles sont encore très jeunes et se retrouvent ainsi privées de leur enfance. 

Elles sont d’ailleurs 2,5 fois plus susceptibles d’être déscolarisées dans les pays touchés par des conflits que celles qui vivent dans d’autres régions.

“L’accès à l’éducation est un droit fondamental et non un privilège. Chaque enfant, quel qu’il soit, où qu’il soit, doit y avoir accès pour s’épanouir et se construire un meilleur avenir. C’est une priorité absolue.”

Qu’est-ce qui peut aider une fille à garder l’espoir et la motivation d’apprendre, même dans des conditions difficiles ? Quel rôle peuvent jouer les familles et les communautés ? 

Les familles et les communautés façonnent l’environnement dans lequel grandissent les enfants. Elles jouent donc un rôle décisif. Lorsqu’elles valorisent l’éducation, elles peuvent véritablement changer le destin d’une fille

Elles peuvent sensibiliser, protéger et accompagner les filles dans leur parcours scolaire. Elles peuvent s’organiser, s’entraider et solliciter le soutien d’organisations comme l’UNICEF.  

Dans les contextes où l’accès à l’éducation est menacé – par les conflits, le manque d’infrastructures ou même les effets du changement climatique – leur rôle devient encore plus essentiel. En unissant leurs voix, en défendant les droits de leurs enfants, elles peuvent créer un avenir plus juste.

“Si les familles et les communautés croient véritablement en l’éducation, alors les filles auront plus de chances de rester à l’école, malgré les obstacles. ”

Vous êtes une source d’inspiration pour des millions de filles dans le monde. Qu’est-ce qui nourrit votre engagement auprès de l’UNICEF ?

Beaucoup trop d’enfants dans le monde souffrent en silence. Si personne ne porte leur voix, ils risquent de perdre leur avenir et c’est une perte que nous ne pouvons pas accepter.  

Ce qui nourrit mon engagement, c’est la conviction profonde que chaque enfant mérite d’être entendu et soutenu.  

Si je suis devenue la Muzoon que je suis aujourd’hui, c’est grâce à l’éducation. L’école m’a permis de transformer mes épreuves en force et de devenir une voix pour les autres. C’est pourquoi je me bats pour que chaque enfant, et chaque fille en particulier, ait cette même chance. 

Je suis d’autant plus fière d’être Ambassadrice de l’UNICEF que j’ai moi-même été soutenue par l’UNICEF, lorsque je vivais dans un camp de réfugiés. J’ai vu, de mes propres yeux, ce que l’éducation peut changer.  

Aujourd’hui encore, dans mes missions – au Tchad, au Mali, ou en Jordanie – je continue de constater l’impact concret du travail de l’UNICEF : des écoles qui ouvrent, des enseignants formés, des espaces sûrs pour les communautés. 

Et partout, les enfants que je rencontre ont le même message : ils ne veulent pas être considérés comme des victimes mais veulent être acteurs du changement. Ils ont la volonté, le talent et la force. Il ne leur manque que les moyens.

Y a-t-il des histoires inspirantes qui vous donnent l’espoir que le changement est possible ?

Lors de mes missions sur le terrain avec l’UNICEF, chacun des enfants que j’ai rencontrés m’ont inspirée. Ils ont tous traversé des épreuves terribles, et pourtant, ils gardent l’espoir et la détermination de changer leur monde

Je pense notamment à Audrey, une jeune fille de 15 ans en République démocratique du Congo. Recrutée par un groupe armé, elle avait dû abandonner l’école. Mais, une fois libérée, grâce à des séances de sensibilisation organisées par l’UNICEF, elle a trouvé le courage de demander de l’aide. 

Avec un accompagnement psychosocial et un soutien financier, Audrey a reconstruit sa vie. Elle a ouvert un petit commerce qui emploie aujourd’hui cinq personnes. À 19 ans, elle soutient sa famille et envisage de poursuivre ses études à l’université.

“Des histoires comme celle d’Audrey nous rappellent que l’éducation peut sauver des vies. Elle peut redonner un avenir, là où tout semblait perdu. ”