Djouba, le 8 mai 2025 – Plus de 60 000 enfants souffrant de malnutrition dans l’État du Haut-Nil, au Soudan du Sud, risquent de voir leur état s’aggraver alors que les stocks de médicaments sont presque épuisés et que les efforts de réapprovisionnement sont entravés, ont averti aujourd’hui le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies et l’UNICEF.
L’intensification des combats le long du Nil Blanc a empêché l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région depuis près d’un mois. Le fleuve est la principale voie d’approvisionnement humanitaire vers le Haut-Nil.
L’État du Haut-Nil affiche l’un des taux de malnutrition les plus élevés du Soudan du Sud comptabilisant, en 2024, plus de 300 000 enfants atteints de malnutrition modérée ou sévère. Alors que la saison des pluies se poursuit et que le conflit continue de déplacer des familles, la propagation de maladies d’origine hydrique et l’aggravation de l’insécurité alimentaire devraient contribuer à une augmentation du nombre d’enfants souffrant de malnutrition.
Le temps presse
Sans un accès urgent aux populations et un réapprovisionnement des fournitures vitales, le PAM et l’UNICEF estiment que les stocks de produits nutritionnels destinés à traiter les cas modérés et sévères de malnutrition seront épuisés d’ici la fin du mois de mai. Cela entraînera l’arrêt des programmes thérapeutiques vitaux dans tout l’État et affectera des dizaines de milliers d’enfants actuellement sous traitement.
Mi-avril, des barges transportant 1 000 tonnes de denrées alimentaires et d’intrants nutritionnels à destination de l’État du Haut-Nil ont été contraintes de faire demi-tour en raison de l’insécurité. Près de 3 000 tonnes supplémentaires attendent à Bor, un centre de transit humanitaire situé le long du Nil, prêtes à être livrées dès que les conditions le permettront.
« Les enfants sont les premiers à souffrir en situation d’urgence. Si nous ne pouvons pas acheminer les vivres, nous risquons de voir la malnutrition s’aggraver dans des régions qui sont déjà au bord du gouffre », a déclaré Mary-Ellen McGroarty, représentante du PAM au Soudan du Sud. « Cette région du pays est déjà l’une des plus touchées par l’insécurité alimentaire, avec des taux de malnutrition extrêmement élevés. Dans ces situations, chaque jour compte pour un enfant souffrant de malnutrition en attente d’un traitement vital ».
Lever les obstacles à l’acheminement de l’aide : une question de vie ou de mort
En raison de problèmes d’insécurité et de la grande valeur des denrées alimentaires, le PAM et l’UNICEF ne peuvent prépositionner leurs stocks dans les zones instables, car cela exposerait les centres de santé et les entrepôts à un risque accru de pillage. Dans le Haut-Nil, près de 2 000 cartons d’intrants nutritionnels vitaux (environ 26 tonnes métriques) ont déjà été pillés depuis le début du conflit, privant ainsi quelque 1 900 enfants de leur seul espoir de traitement et de guérison.
« En raison des combats, des pillages et des perturbations qui entravent la circulation fluviale, nous avons pris la décision déchirante de retarder l’acheminement de ces fournitures vitales, craignant qu’elles ne parviennent jamais aux enfants qui en ont désespérément besoin », a déclaré Obia Achieng, représentante par intérim de l’UNICEF au Soudan du Sud. « Si cette situation perdure, nous courons le risque d’être à court de fournitures dans tous les comtés de l’État d’ici la fin du mois de mai, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les enfants les plus jeunes et les plus vulnérables ».
Le PAM et l’UNICEF alertent que sans une reprise rapide et sécurisée des opérations d’approvisionnement, les enfants de la région du Haut-Nil subiront les conséquences dévastatrices de l’interruption des traitements, ce qui réduira à néant les progrès durement acquis dans la lutte contre la malnutrition et mettra encore davantage en danger la vie des plus jeunes et des plus vulnérables.