« Je mets plus de 5 heures pour apporter à manger à ma famille. C’est difficile et fatigant mais je n’ai pas d’autre choix sinon nous ne mangeons pas », confie Mohammad, 11 ans.
Son récit est celui que partagent 2,2 millions de personnes dans la bande de Gaza.
Depuis six mois, l’enclave longue de seulement 41 km est un cimetière à ciel ouvert. Les écoles, les hôpitaux et les maisons ne sont plus que ruines. Le nombre de morts, de blessés, d’amputés et de familles déplacées évolue à une vitesse affolante.
Pourtant, le bilan risque encore de s’alourdir. Les frappes aériennes tuent, mais la faim aussi.
Selon l’IPC, organisme mondial d’analyse de l’insécurité alimentaire, la population est au bord de la famine. Les habitants de Gaza manquent au moins un, voire plusieurs repas par jour. Certains parents se privent même de nourriture pour que leurs enfants mangent.
Entre le 15 février et le 15 mars 2024, 677 000 personnes étaient en phase 5, la situation d’insécurité alimentaire la plus grave sur le classement de l’IPC. Sans une intervention humanitaire urgente, la zone entière basculerait en situation de famine d’ici le mois de mai.
La famine aux portes de Gaza
Près de la frontière égyptienne, Rafah, au sud de Gaza, est devenu le lieu de refuge pour plus d’1,5 million de personnes déplacées.
Dans les rues de la ville, les files d’attente s’allongent devant les rares centres de distributions alimentaires. Les enfants se pressent, espérant obtenir du pain ou un bol de soupe, souvent le seul repas pour toute la famille.
Les bombardements quotidiens ont largement détruit ou endommagé les systèmes d’accès à l’eau potable, les récoltes, les boulangeries et toute infrastructure qui permettrait aux habitants de se procurer de la nourriture.
Selon l’IPC, la situation est particulièrement alarmante dans le nord de la bande de Gaza, moins accessible, qui n’a reçu qu’une aide au compte-goutte depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Résultat, 31 %, soit 1 enfant de moins de 2 ans sur 3, souffrent de malnutrition aiguë. D’ici mai 2024, cette région pourrait être officiellement déclarée en état de famine.
Pour rappel, plusieurs critères doivent être réunis pour que la famine soit déclarée :
Au moins 20 % des ménages sont confrontés à des pénuries alimentaires extrêmes
Au moins 30 % des enfants sont en situation de malnutrition aiguë sévère
Au moins 2 personnes sur 10 000 meurent d’une maladie associée à la malnutrition chaque jour
Le contexte se dégradant d’heure en heure, tous ces critères risquent d’être bientôt réunis.
L’UNICEF continue d’alerter
En décembre dernier, l’IPC et les agences des Nations unies, dont l’UNICEF, avaient mis en garde contre le risque de famine à la fin du mois de mai 2024. Pourtant, les restrictions persistent, l’acheminement de l’aide humanitaire est entravé et la situation ne cesse d’empirer.
L’UNICEF et ses partenaires restent mobilisés pour fournir de l’eau, de la nourriture, des médicaments et du matériel médical aux millions d’habitants affectés. Nous demandons :
- Un cessez-le-feu immédiat
- La protection des civils et des infrastructures dont ils dépendent
- La libération immédiate des otages
- Des points d’entrée fiables pour acheminer l’aide humanitaire, y compris vers le nord de Gaza
- Des garanties de sécurité et un passage sans entrave et sans délai pour distribuer l’aide dans toute la bande de Gaza