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Adeline Hazan, présidente de l'UNICEF France en visite au Liban.
Adeline Hazan, Présidente de l'UNICEF France

Adeline Hazan : « Il n’y a rien de plus précieux que la vie d’un enfant : il est l’avenir de notre humanité »

A quelques jours de la Journée mondiale de l’enfance, le 20 novembre prochain, et au premier jour du Forum de Paris sur la Paix, dans un monde déchiré par des conflits, des crises majeures, et des catastrophes, Adeline Hazan, Présidente de l’UNICEF France a souhaité s’exprimer pour nous faire part de son indignation, de sa tristesse, mais aussi de sa détermination. Car dans ce monde que la guerre des adultes détruit chaque jour davantage, des millions d’enfants paient le prix de leur vie, simplement parce qu’ils sont nés au mauvais endroit au mauvais moment.

Ils et elles s’appellent Sarah, Mohamed, Pablo, Carla, Isaac, Mariam, Harun, Min, Fatou, Issa. Ils vivent dans la Corne de l’Afrique, au Sahel, en République démocratique du Congo, au Soudan, en Afghanistan, en Haïti, à Gaza, en Israël. Ils sont des enfants de la guerre, premières victimes innocentes de crises qui envahissent nos écrans de temps à autres et disparaissent soudainement dans l’oubli quand une actualité chasse l’autre.

A l’UNICEF, notre raison d’être est de protéger, de nourrir, et de soigner les enfants. C’est aussi de parler d’eux, de leurs souffrances, de leurs drames, et surtout de leur donner un visage pour les sortir des chiffres, des statistiques, des analyses et des commentaires.

Il est difficile de ne pas évoquer aujourd’hui la situation des enfants affectés par le conflit israélo-palestinien qui vous indigne particulièrement

Adeline Hazan : Tout d’abord, l’UNICEF n’a eu de cesse de demander la libération sans délai des enfants israéliens pris en otage le 7 octobre dernier, tout comme l’arrêt des combats pour protéger les enfants. Peut-être n’avons-nous pas été assez entendus sur ce point. Nous continuerons de nous préoccuper de leur sort, tant qu’ils ne seront pas sains et saufs. En un mois, plusieurs milliers d’enfants ont été tués et ce conflit est probablement l’un des plus meurtriers en cours à l’encontre des enfants.

L’UNICEF est sur le terrain aux côtés de TOUS les enfants. Pour nous, un enfant a les mêmes droits quelle que soit sa nationalité, et la Convention internationale des droits de l’enfant s’applique à CHAQUE enfant.  Ainsi, l’horreur des bombes et les privations qui tuent des enfants à Gaza ne peuvent faire oublier les enfants israéliens tués ou pris en otage.

Un instant, je voudrais que nous nous mettions à leur place. De ceux qui ont été enlevés, arrachés à leurs familles et retenus en captivité sans savoir si leurs parents sont en vie, ni s’ils pourront les retrouver un jour. Pensons à la douleur de leurs familles qui ignorent même s’ils sont encore en vie. Pensons également à ces enfants pris au piège dans ce minuscule territoire qui n’ont connu que la guerre et vivent au jour le jour depuis leur naissance et qui tentent de survivre depuis ces dernières semaines, privés de tout ou presque.

Notre directrice, Catherine Russell l’a clairement affirmé : « Rien ne justifie les meurtres, les mutilations ou les enlèvements d’enfants. Ce sont des actes qui constituent une violation grave des droits humains et que l’UNICEF condamne avec la plus grande fermeté. »

Quels sentiments vous évoque cette violence ?

AH : Tout d’abord, je voudrais remettre en mémoire à chacun et chacune d’entre nous les paroles si justes de Simone Veil, qui résonnent en moi, peut-être encore d’avantage aujourd’hui : « Venus de tous les continents, croyants, non croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes. »

Si le conflit israélo-palestinien domine aujourd’hui l’actualité, il ne doit pas nous faire oublier les enfants d’Ukraine qui s’apprêtent à vivre un troisième hiver sous les bombardements, ni ceux du Soudan que la guerre a jeté sur les routes. Ni les conflits peut-être plus silencieux, au Yémen, en Haïti ou au Myanmar. Le monde est secoué par plus de crises qu’il ne nous est possible d’en parler et d’en comprendre toutes les raisons. A l’UNICEF, au cours de ces derniers mois, nous n’avons je crois, jamais connu autant d’urgences au cours desquelles des enfants ont perdu et perdent la vie. Nos équipes sur le terrain agissent ; nous distribuons de l’eau, nous vaccinons, nous soignons, nous protégeons, mais je dois concéder que nous avons parfois l’impression d’un puits sans fond.

Combien d’enfants sont actuellement affectés par les conflits armés ?

AH : Plus de 400 millions d’enfants vivent actuellement dans une zone touchée par un conflit, et au moins 43,3 millions d’enfants étaient déplacés à la fin de l’année 2022, un chiffre qui a doublé en l’espace d’une décennie et qui est le plus élevé jamais enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le dernier rapport de l’ONU sur les violations graves faites aux enfants dans les conflits a confirmé 27,180 violations graves en 2022. L’exemple de l’utilisation des armes explosives en zone peuplée (EWIPA) est une des plus graves menaces de notre société pour les enfants en temps de conflit. Elles tuent et blessent des milliers d’enfants chaque année, pendant et longtemps après la fin des conflits.

Ce 18 novembre marquera d’ailleurs le premier anniversaire de la signature de la Déclaration EWIPA, qui définit notamment une série d’obligations pour les États dans l’action humanitaire et apporte un engagement des États à restreindre et à s’abstenir d’utiliser des armes explosives en zones peuplées.

Que signifie vivre dans un pays en guerre ? C’est grandir dans la peur, l’insécurité.  C’est entendre la déflagration d’une bombe, siffler les balles ou retentir les sirènes. C’est grandir avec la vue du sang, des cris ou des larmes. C’est sentir l’inquiétude de ses proches, la culpabilité parfois de n’avoir pas su vous protéger.

C’est voir parfois un parent ou un proche partir au front et ne jamais en revenir. C’est suivre une scolarité souvent chaotique. C’est aussi souvent l’exil. Devoir tout quitter un jour, souvent le peu que l’on possède, pour aller s’installer dans des abris de fortune, se contenter d’une ration d’aide alimentaire. C’est surtout ne plus avoir d’enfance, en être privé d’un jour à l’autre, pour des raisons bien trop grandes et incompréhensibles pour un enfant. C’est perdre le besoin vital de sérénité, de calme, et de sécurité dont chacun a besoin pour grandir.

J’ai le souvenir de cette petite fille syrienne rencontrée l’année dernière au Liban, sous une tente de fortune dans laquelle elle vivait avec ses 6 frères et sœurs. Je m’étonnais qu’à 3 ou 4 ans, elle ne marche pas encore et porte des couches. Sa mère m’a expliqué qu’elle avait reçu une balle perdue dans la colonne vertébrale. Elle ne marcherait jamais, n’irait probablement pas à l’école. Comme la plupart de sa fratrie, elle n’avait connu que la guerre. C’était sa « normalité ».

Concrètement que fait l’UNICEF ?

AH : Les équipes de l’UNICEF sont présentes dans 190 pays et territoires. Elles agissent au plus près des populations, en partenariat avec les autorités locales et les partenaires associatifs. Dans le monde entier, que ce soit en urgence ou sur le plus long terme, notre mission s’articule autour de 8 domaines étroitement liés, qui sont tous essentiels au bon développement de l’enfant : santé, nutrition, éducation, protection de l’enfance, eau, hygiène, assainissement, changement climatique, égalité et inclusion.

“Notre objectif est de sauver la vie des enfants, défendre leurs droits et les aider à réaliser leur potentiel, de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte.”

A l’UNICEF France, nous menons une action de plaidoyer très forte. Le 12 juillet dernier, nous organisions à Paris, une journée de réflexion sur la protection et la réintégration des enfants affectés par les conflits armés. Nous y avons entendu le témoignage d’enfants victimes, mais aussi celui d’un enfant autrefois soldat en Sierra Leone. Il est aujourd’hui Ambassadeur de l’UNICEF. La parole d’Ishmaël Beah est pour moi une source d’espoir. Je me souviens de son intervention : « Le soutien de l’UNICEF m’a permis de retrouver mon innocence d’enfant ». C’est à cela que je veux croire aujourd’hui. C’est pour le sourire d’Ishmaël et de tous les enfants que je croise, – l’année dernière au Liban, il y a quelques semaines en Guyane, et demain ailleurs -, que je me suis engagée.

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