Au Liban, trois années de crise dévastatrice ont plongé les enfants dans la pauvreté, affectant leur santé, leur bien-être et leur éducation, anéantissant leurs espoirs et brisant les relations familiales.
Beyrouth, le 25 août 2022 – Un rapport de l’UNICEF montre qu’une grande partie des progrès accomplis dans la réalisation des droits fondamentaux des enfants – notamment le droit à la santé, à l’éducation, à la protection, au jeu et aux loisirs – a été érodée par la crise économique et l’impact de la pandémie de COVID-19.
Les droits fondamentaux des enfants menacés par la crise et la pandémie
La flambée des prix et le chômage généralisé ont plongé des milliers de familles dans une pauvreté multidimensionnelle – un concept qui prend en compte un large éventail de privations – affectant gravement leur capacité à subvenir aux besoins fondamentaux de leurs enfants.
Le rapport, basé sur une étude menée par l’UNICEF relative à la pauvreté des enfants et sur une évaluation rapide axée sur les enfants (CFRA), montre que ces derniers sont parfaitement conscients de l’impact de la crise sur leur vie et sur le pays. Beaucoup ont cessé de croire qu’un avenir meilleur était possible au Liban et considèrent que l’émigration est leur seul espoir.
La combinaison de privations multiples, d’une exposition prolongée aux dures conséquences de la crise économique et de la perte d’espoir affecte gravement la santé mentale des enfants qui, dans la plupart des cas, ne peuvent accéder aux soins dont ils ont besoin.
Accroissement des tensions communautaires et intrafamiliales
Parallèlement, les enfants sont déçus et perdent confiance en leurs parents, incapables de répondre à leurs besoins fondamentaux, ce qui accroît les tensions au sein des foyers. Alors que de plus en plus d’enfants se retrouvent obligés de travailler et que les adultes perdent leur emploi, la relation traditionnelle parent-enfant est en passe d’être détruite.
Les tensions croissantes – alimentées par la polarisation entre et au sein des communautés – ont conduit à une augmentation de la violence, y compris dans les foyers et les écoles. En conséquence, de nombreuses rues et quartiers ne sont plus sûrs, ce qui limite encore davantage le droit des enfants à jouer. Les filles sont particulièrement concernées, car on leur interdit de plus en plus fréquemment de sortir de chez elles, de peur qu’elles ne soient harcelées.
Une réponse multidimensionnelle est nécessaire
« La crise affecte tous les aspects de la vie des enfants. Les enfants grandissent sans manger à leur faim, sans accès aux soins de santé et, dans certains cas, contraints de travailler pour soutenir leur famille », a déclaré Edouard Beigbeder, représentant de l’UNICEF au Liban. « Des réformes cruciales sont nécessaires pour préserver l’avenir des enfants. Le gouvernement doit mettre en œuvre des mesures urgentes de protection sociale, assurer l’accès à une éducation de qualité pour chaque enfant et renforcer les soins de santé primaires et les services de protection de l’enfance. »
Parmi les résultats de l’enquête CFRA, on peut noter que:
- 84 % des ménages interrogés ne disposaient pas d’assez d’argent pour couvrir les besoins de première nécessité ;
- 38 % des ménages ont réduit leurs dépenses en matière d’éducation, contre 26 pour cent en avril 2021 ;
- 60 % ont réduit leurs dépenses en matière de soins de santé, contre 42 % en avril 2021 ;
- 70 % des ménages doivent emprunter de l’argent pour se nourrir ou acheter de la nourriture à crédit ;
- 36 % des personnes s’occupant d’enfants se sentent moins tolérantes à leur égard et les traitent plus durement.
« La pauvreté multidimensionnelle des enfants exige une réponse multidimensionnelle fondée sur un renforcement majeur du système de protection sociale du Liban qui garantira la protection des droits fondamentaux des enfants vulnérables », a déclaré Edouard Beigbeder. « Cela implique d’accroître l’accès aux services sociaux, d’augmenter l’aide sociale et de fournir des subventions sociales aux familles les plus vulnérables. »