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© ESA

L’astronaute de l’ESA Thomas Pesquet, ambassadeur UNICEF dans les étoiles

Double mission pour l’astronaute français de l’ESA Thomas Pesquet : 6 mois dans l’espace à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) jusqu’en mai 2017 – pour notamment mener des expériences scientifiques qui permettront d’améliorer les conditions de vie sur Terre… Mais également défense de la cause des enfants en tant qu’Ambassadeur de l’UNICEF France, sur des sujets tels que l’impact du changement climatique ou encore l’accès à l’eau potable. Interview.

Pourquoi avoir accepté de devenir Ambassadeur de l’UNICEF France ?

Quand j’ai voulu devenir astronaute, ce n’était pas seulement parce que c’était « mon rêve à moi » : je pense que c’est un métier vraiment utile, qui peut bénéficier à la société. J’ai eu beaucoup de chance, je suis né en France, dans une famille aimante, j’ai eu accès à une éducation gratuite et de qualité… On m’a donné beaucoup et c’est une façon de renvoyer l’ascenseur, j’ai envie de donner en retour à ceux qui ont moins de chance.
Pourquoi l’UNICEF et la cause des enfants en particulier ? 

“Parce que les enfants sont l’avenir du monde et les décideurs de demain… et que, si nous arrivons à leur en donner les moyens, ils peuvent réaliser quelque chose de vraiment formidable !”

Je prends mon rôle d’Ambassadeur des droits de l’enfant très au sérieux. Il ne s’agit pas juste pour moi d’ajouter une ligne à mon CV, l’idée c’est vraiment d’essayer de faire une différence même si ce n’est pas facile évidemment… Je ne sais pas si je vais y arriver, mais je vais faire de mon mieux ! C’est une responsabilité, c’est un peu comme devenir chef de famille, mais là d’une famille très nombreuse, parce qu’elle concerne plus de 2 milliards d’enfants partout dans le monde !

Comment allez-vous concrètement être « défenseur des droits de l’enfant » depuis l’espace ?

Et bien déjà en profitant de cette mission de 6 mois et de l’attention qu’elle va (j’espère !) susciter, pour faire entendre la détresse de nombreux enfants dans le monde, en diffusant des messages – lors d’interventions en direct, au travers de vidéos ou encore sur les réseaux sociaux – sur des thèmes tels que les conséquences du changement climatique, l’accès à l’eau potable, l’éducation de qualité que chaque enfant devrait recevoir, l’égalité fille-garçon…

Mais également par les expériences scientifiques que je mènerai sur la Station : là-haut, nous utilisons les propriétés de l’apesanteur et de l’environnement spatial pour accéder à des résultats qui sont impossibles à  voir sur Terre ; j’ai essayé d’orienter le plus possible le choix de ces expériences vers des applications concrètes qui amélioreront les conditions de vie sur notre planète. Nous menons par exemple une expérience sur le traitement de l’eau (ressource vitale très limitée pour nous dans la station !) et nous avons développé une nouvelle manière, extrêmement simple et portable, de tester si l’eau est potable et si elle contient des bactéries ; cela pourrait servir à améliorer l’accès à l’eau potable sur Terre, qui fait encore aujourd’hui défaut à des millions d’enfants.
A bord de l’ISS nous allons aussi utiliser des techniques d’échographie à distance pour que des médecins puissent nous suivre depuis le sol ; il y a là une application directe avec les déserts médicaux par exemple, les régions difficiles d’accès ou soumises à des conflits où les enfants n’ont pas accès aux soins.

“La survie dans l’espace est un véritable défi. Mais parfois c’est bien plus difficile sur Terre…”

Votre décollage a lieu pendant la COP22 sur les conséquences du changement climatique…

Oui et c’est une excellente occasion de faire passer un message aux dirigeants du monde !
Depuis l’espace, des phénomènes comme le réchauffement climatique (que l’on comprend sur Terre avec notre intellect mais dont on a du mal à réaliser les conséquences réelles), tout d’un coup on les « voit » de nos yeux par le hublot : la glace des pôles qui n’atteint pas le même niveau d’une année sur l’autre, les ouragans qui se forment, l’impact des catastrophes naturelles… Les enfants en sont les premières victimes : plus de 600 millions d’entre eux vivent dans les 10 pays les plus impactés, et ils représentent 80% des décès attribués aux changements climatiques dans les pays en développement !

On peut comparer la Terre à l’ISS : notre planète est ni plus ni moins un vaisseau spatial qui traverse le cosmos dans un environnement complètement hostile, avec des ressources limitées et des gens qui n’ont pas forcément choisi de voler ensemble… Si on veut que ce vol se passe bien,  il faut arriver à s’entendre, à garder le vaisseau en bon état, partager les ressources et les utiliser à bon escient ! Les enfants d’aujourd’hui sont les futurs pilotes du vaisseau Terre, et nous avons la responsabilité dès aujourd’hui de leur livrer dans le meilleur état possible.

Vous réalisez aujourd’hui votre rêve d’enfant. Quel message pour les enfants du monde ?

Celui que « tout est possible ». Rien n’est facile, mais tout est possible ! Petit, je n’avais aucune idée de comment faire pour devenir astronaute, je ne savais même pas si c’était faisable pour quelqu’un comme moi… Je ne viens pas d’un milieu défavorisé j’ai eu de la chance, mais je vivais dans un tout petit village de campagne, mon père était prof de maths et ma mère institutrice, nous étions très loin du monde des pilotes et des astronautes ! Finalement, pas à pas, je me suis rapproché de ce rêve, grâce notamment à l’éducation à laquelle j’ai eu accès, et à mes parents qui m’ont soutenu. Une partie de moi n’a toujours pas vraiment réalisé, mais quand je serai là-haut, je me reverrai tout-petit dans les navettes spatiales que me construisait mon père avec des cartons de déménagements et des coussins dedans…

“Mon rêve aujourd’hui, ce serait d’aider les enfants à réaliser le leur à leur tour, quel qu’il soit. ”

Il faut s’engager sur le chemin, même si on ne sait pas trop où l’on va… Malheureusement dans certains pays, vous êtes entravés : si vous êtes une fille par exemple et que « l’école ce n’est pas pour les filles », ou qu’un conflit éclate dans votre région… vous n’avez la possibilité de vous engager sur aucun chemin, car ils sont tous barbelés ! Mon rêve ce serait d’ouvrir la voie, et que tous les enfants puissent emprunter tous les chemins du monde, et se créer des ailes qui les emmèneraient là où ils ont envie d’aller !

Qu’espérez-vous voir changé sur Terre à votre retour en mai 2017 ?

Un peu plus de solidarité ! Les pays riches oublient qu’ils ne l’ont pas toujours été, qu’ils ont aussi parfois eu besoin de l’aide des autres… Aujourd’hui, des millions d’enfants dans le monde sont victimes des guerres des adultes, et certains vont chercher refuge dans un autre pays. Nous devons leur apporter l’aide dont ils ont besoin, et, tous ensemble, trouver des solutions à ces problèmes mondiaux.

Pour reprendre l’exemple de la Station Spatiale Internationale, elle a été assemblée comme un mécano géant directement dans l’espace, à 28 000 km/h à 450km d’altitude, dans des conditions extrêmes… c’est une prouesse technique et technologique incroyable ! Et cela s’est fait en coopération internationale avec des gens qui n’étaient pas forcément très amis – Russes, Américains, Japonais, Canadiens, Européens, tous ensemble ! Cela montre que c’est possible et que c’est même comme ça qu’on arrive à aller plus loin, en utilisant les compétences de chacun dans un but commun.

Les enfants sont les adultes de demain… mais déjà citoyens aujourd’hui : quelle place pour eux ?

Une place centrale : nous devrions davantage consulter les enfants et les jeunes, ils ont une manière de réfléchir différente, une faculté à voir les choses autrement… et peuvent provoquer des réflexions que nous n’arrivons plus à avoir, nous adultes qui sommes « formatés » avec le temps. Il faut faire participer les jeunes, ils ont de réelles pistes de solutions à apporter à de nombreux problèmes !
Nous le faisons déjà à l’ESA, tout un volet de nos expériences scientifiques leur est destiné – grâce à des kits, ils réalisent dans leurs collèges et lycées partout en Europe les mêmes expériences que moi à bord de l’ISS, et nous comparerons nos résultats !

Quand je fais des interventions pour présenter ma mission, ce sont toujours les enfants qui ont les meilleures questions. J’adore dialoguer avec eux parce qu’à chaque fois j’apprends énormément, un peu à la manière du pilote quand il rencontre le Petit Prince : ses questions qui ont l’air farfelues sont en fait très sérieuses et lui ouvrent l’esprit sur beaucoup de choses et lui fait un peu comprendre la poésie du monde…