L’UNICEF France réagit au plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement, présenté par Emmanuel Macron, ce 13 septembre.
Rappelons qu’en France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 3 millions d’enfants pauvres, ce qui représente un taux nettement supérieur à celui de l’ensemble de la population qui oscille autour des 14 %(1). Dans un quart des cas, les jeunes issus d’une famille dont les parents sont sans diplôme et pauvres sortent eux-mêmes de l’école en situation d’échec(2). L’UNICEF France espère un impact concret de ces mesures pour réduire les inégalités, alors qu’en France les chances s’amenuisent pour les enfants pauvres.
Cette stratégie s’appuie notamment sur une concertation avec les acteurs du secteur social à laquelle l’UNICEF France a activement participé sur les volets petite enfance, éducation et accueil, et propose plusieurs mesures positives ciblant notamment les familles en situation de grande pauvreté :
- Les mesures facilitant l’accès à la garde d’enfants pour les familles les plus pauvres et favorisant la mixité sociale dans les crèches sont cruciales pour réduire les inégalités. L’accès à un mode de garde collectif favorise le développement social de l’enfant, son éveil et son autonomie ; il constitue pour les parents un appui, favorisant les démarches d’accès aux droits ou de recherche d’emploi. Ces mesures devront s’accompagner d’un projet éducatif de qualité et d’une meilleure formation des professionnels des établissements d’accueil.
- L’UNICEF France salue les mesures permettant un meilleur accès des enfants à une alimentation équilibrée, au petit-déjeuner et à la cantine. Pour autant, la restauration n’est pas le seul frein à l’insertion scolaire des enfants en situation de pauvreté.
- Le développement de méthodes d’interventions visant à « aller vers » les enfants, les jeunes et les familles les moins visibles constitue une avancée – l’UNICEF France suivra en particulier la mise en place de mesures de soutien aux jeunes de 18 ans sortant du système de l’Aide sociale à l’enfance.
La pauvreté des enfants, une priorité absolue
Cependant, cette stratégie peine à s’inscrire dans une vision globale, en proposant plusieurs mesures ponctuelles, de caractère uniquement incitatif dans un contexte de forte tension entre les départements et l’Etat, et qui seront déployées sur un nombre limité de territoires – autant de facteurs qui vont nécessiter une vigilance particulière dans la phase de mise en œuvre des mesures prévues.
En outre, l’UNICEF France rappelle que cette stratégie intervient dans un contexte préoccupant de désindexation des allocations familiales et aides au logement dont bénéficient les familles les plus fragiles, et appelle à en renforcer plusieurs aspects :
- La lutte contre la pauvreté et les inégalités doit passer par l’école : une meilleure formation des professeurs et personnels de l’éducation aux enjeux de la pauvreté, la réduction du non-recours aux aides scolaires (bourses, fonds sociaux) et l’accompagnement des parents en situation de fragilité doivent être renforcés.
- Un travail spécifique doit également être mené pour intensifier la scolarisation des enfants pauvres « invisibles », et ce dès le plus jeune âge : enfants à la rue, enfants en bidonville, mineurs non accompagnés… Ceci implique de repérer et d’identifier les enfants hors de l’école pour les inclure progressivement dans les dispositifs d’accompagnement existants, et d’assurer la continuité éducative.
- L’UNICEF France suivra attentivement le déploiement des mesures dans les territoires où la pauvreté infantile et l’éloignement scolaire sont exceptionnellement forts – en particulier à Mayotte et en Guyane.
(1) Calcul d’un taux de pauvreté à 60 % du revenu median
(2) Insee, France, Portrait social, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3197289. Le lien entre niveau de formation et pauvreté est fort : moitié des plus de 15 ans en situation de pauvreté sont dépourvus de tout diplôme (excepté le brevet des collèges).