Mélissa Da Costa : « L’accès à la lecture ne devrait pas être un luxe pour les enfants »

Posté le 7 juin 2023

Depuis 7 ans, l’UNICEF France et Le Livre de Poche s’associent autour d’un projet en faveur de l’éducation et de l’enfance. Cette année, c’est la célèbre autrice, Mélissa Da Costa, qui prête sa plume pour nous offrir un texte bouleversant intitulé « La Faiseuse d’étoiles ».

L’autrice nous plonge dans les derniers instants d’une mère atteinte d’une maladie grave, et qui, pour protéger son fils et atténuer sa souffrance, invente une mission secrète. A travers ce texte, Mélissa évoque la manière dont cette maman protectrice parvient à être une faiseuse d’étoiles pour son enfant.

A l’occasion de la sortie de son récit le 7 juin, nous avons été à sa rencontre.

1) Votre livre « La Faiseuse d’étoiles » traite de la maladie, du deuil et du pardon. Comment est né ce texte ?

La naissance de mon fils m’a beaucoup inspiré. Je me souviens que je tenais mon fils dans les bras et c’est à ce moment-là que j’ai eu une prise de conscience : comment fait-on quand nous avons la responsabilité d’un bébé si fragile et innocent et que nous devons le protéger coûte que coûte ?

Dès sa naissance, j’étais envahie par un sentiment impérieux de rester en vie. Je ne cessais de répéter que désormais, il fallait que je sois forte pour lui.

C’est de là où j’ai eu l’idée d’écrire sur ce sujet. Mon livre relate l’histoire d’une maman qui se sait condamnée par la maladie, et qui va laisser un enfant sans défense, mais qui souhaite tout de même le protéger, et ce, jusqu’au bout. Elle lui raconte alors une histoire pour trouver un subterfuge pour embellir la réalité.

2) Comment a eu lieu cette collaboration avec Le Livre de Poche ?

J’avais déjà rédigé ce récit et je l’avais gardé dans mes tiroirs. Le Livre de Poche m’a contactée pour savoir si j’avais un texte inédit. Cette idée m’a immédiatement conquise puisque j’avais déjà participé au recueil des nouvelles « Un Arc-en-ciel d’émotions » l’année dernière avec d’autres écrivains mobilisés aux côtés de l’UNICEF.

3) Pourquoi avez-vous choisi cette novella (court roman) au profit de l’UNICEF France ?

C’était une évidence. Ce texte était déjà prêt et il était parfait pour l’UNICEF : un livre qui parle de l’enfance et dont une partie des fonds seront versés pour soutenir les enfants dans le monde.

Initialement, c’était un texte pour mon fils, c’est dans cette optique que je l’ai écrit, par amour pour mon fils. Et aujourd’hui je suis encore plus honorée qu’il puisse servir à d’autres.

C’est aussi une belle façon de joindre l’utile à l’agréable : acheter un livre solidaire, c’est plus accessible que de faire un don pour une association. A mes yeux, ce partenariat a un réel sens puisqu’il associe la littérature mais aussi l’éducation avec des actions concrètes menées par l’UNICEF.

4) Dans votre livre, vous faites preuve d’une imagination débordante. En quoi êtes-vous une faiseuse d’étoiles ?

Le personnage principal est la mère, Clarisse, qui est une faiseuse d’étoiles. A travers ses mots, elle crée un univers parallèle, un monde beau, doux et poétique. Dans ce monde parallèle, les choses n’ont pas un goût amer.

En tant qu’écrivains, nous essayons de transporter les lecteurs, de leur permettre de s’évader à travers des mots et de l’encre, et de se réfugier dans les livres. Ecrire sur les maux de la vie, les drames du quotidien, c’est essayer de donner du sens. A mes yeux, tous les écrivains sont des faiseurs d’étoiles.

5) Vous dédicacez ce livre à votre enfant. A travers ce geste, quelles valeurs / messages souhaitez-vous lui transmettre ?

Initialement, quand j’ai commencé à écrire ce livre, je voulais en faire une véritable déclaration d’amour pour mon fils. Devenir parent, c’est quelque chose qui nous dépasse et qui nous submerge. Dans mon livre, je veux qu’il y trouve les interrogations d’une mère, l’étendue de l’amour qu’elle porte, les sacrifices qu’elle est prête à faire mais aussi le dépassement de ses propres limites.

Les parents sont avant tout des humains. Même s’ils sont dictés par les sentiments les plus nobles et les plus purs, ils peuvent prendre des décisions qui ne sont pas toujours les bonnes. C’est justement le cas des parents du petit Arthur. Ses parents ont pris des décisions dans le but de le protéger, mais à l’adolescence, ce secret devient une plaie.

À travers ce récit, je veux prouver que l’imagination n’a pas de limites et qu’il n’existe pas de meilleur pouvoir que l’amour pour guérir les blessures les plus profondes.

6) Aujourd’hui, dans le monde, 70 % des enfants de 10 ans ne sont pas capables de lire une phrase simple. Que vous évoque ce constat fait par l’UNICEF ?

Je suis alarmée. J’étais consciente que beaucoup d’enfants n’avaient pas accès à l’éducation et à la lecture, mais ce chiffre est terrifiant. Je ne m’attendais pas à un si grand chiffre.

L’accès à la lecture est une échappatoire pour les enfants. Quand on est dans des zones de guerre, se plonger dans un livre est une façon de préserver un coin de magie malgré tout. C’est un véritable combat à mener pour empêcher que des générations entières soient perdues.

7) Un dernier message que vous souhaitez adresser aux internautes qui nous lisent actuellement ?

Il faut nous mobiliser pour que l’accès à la lecture ne soit plus un luxe. Acheter un livre solidaire, c’est à la fois se faire plaisir ou faire plaisir, tout en faisant une bonne action. Ce livre, à lire ou à offrir, est une occasion unique de joindre l’utile à l’agréable.

Grâce à ce partenariat et à la générosité et la fidélité des lecteurs de Mélissa Da Costa, depuis la parution du livre, le 7 juin 2023, la somme exceptionnelle de 400 000 euros a déjà été rassemblée. Ces fonds joueront un rôle déterminant dans le soutien des actions de l’UNICEF, notamment pour le développement de deux écovillages à Madagascar