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Le 3 février 2024, des enfants transportent des récipients d'eau après les avoir remplis dans un puits foré par l'UNICEF à l'intérieur du camp de réfugiés d'Adré, au Tchad. ©UNICEF/UNI514949/Le Du
Le 3 février 2024, des enfants transportent des récipients d'eau après les avoir remplis dans un puits foré par l'UNICEF à l'intérieur du camp de réfugiés d'Adré, au Tchad. ©UNICEF/UNI514949/Le Du

Soudan : la guerre engendre la pire crise de déplacement au monde

Port Soudan, le 9 février 2024 – Après près de 300 jours de guerre brutale au Soudan, la malnutrition généralisée, la plus importante crise de déplacement d’enfants au monde et l’effondrement du système de santé menacent de tuer bien plus d’enfants que le conflit armé en lui-même.

Dans les zones accessibles à l’aide humanitaire, l’UNICEF enregistre un nombre record d’admissions pour le traitement de la malnutrition aiguë sévère (MAS), la forme la plus mortelle de malnutrition. Les conditions dans les zones inaccessibles en raison des combats – où les enfants ont les besoins les plus urgents – sont sans aucun doute pires encore.

On estime que 3,5 millions d’enfants souffriront de malnutrition aiguë cette année, dont plus de 700 000 devraient souffrir de MAS et nécessiter un traitement spécialisé, continu et vital.

Environ 3 millions d’enfants ont été déplacés à l’intérieur du pays depuis le début des combats, s’ajoutant aux plus des 2 millions d’enfants déjà déplacés lors de crises précédentes. Il s’agit du plus grand nombre d’enfants déplacés à l’intérieur de leur pays au monde. Des rapports isolés indiquent que le nombre de décès d’enfants dans les sites de déplacement, surpeuplés et insalubres, pourrait grimper en flèche. La propagation des maladies présente des risques particulièrement mortels pour les enfants souffrant de MAS, qui sont jusqu’à 10 fois plus susceptibles de succomber des suites d’une maladie qu’un enfant en bonne santé.

Les travailleurs du secteur de la santé n’ont pas été payés depuis des mois. Plus de 70 % des établissements de santé dans les zones touchées par le conflit ne sont plus fonctionnels et les deux tiers de la population n’ont pas accès aux soins. Le nombre de cas de choléra a plus que doublé au cours du mois dernier, avec plus de 10 000 cas suspectés et 300 décès, dont 16 % d’enfants de moins de 5 ans, enregistrés à la fin du mois de janvier. Des épidémies de rougeole se sont également déclarées dans les zones accueillant un grand nombre d’enfants déplacés.

« La conjugaison mortelle de la malnutrition, des déplacements massifs et des maladies s’aggrave de jour en jour, et nous disposons d’un délai extrêmement court pour éviter un grand nombre de décès », a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell. « Nous avons besoin d’un accès humanitaire sûr, durable et sans entrave à travers les lignes de front et les frontières – et nous avons besoin d’un soutien international pour aider nos équipes à maintenir les services et les systèmes essentiels dont les enfants dépendent pour survivre ».

La dernière analyse de la sécurité alimentaire au Soudan a relevé les plus hauts taux de malnutrition jamais enregistrés au cours de la saison des récoltes d’octobre à février, suite à l’extension récente de l’insécurité à l’État d’Al Jezira, le grenier à blé du pays. Si l’aide humanitaire n’est pas considérablement renforcée, certaines régions de Khartoum, du Kordofan et du Darfour seront confrontées à un risque élevé de famine catastrophique lors de la prochaine période de soudure, qui pourrait débuter dès le mois de mars cette année. Il est particulièrement important d’acheminer des fournitures humanitaires au Darfour, qui a été le théâtre des combats les plus violents et qui accueille plus d’un tiers de la population déplacée, et où plus de 200 000 enfants devraient souffrir de MAS.

L’UNICEF est le seul fournisseur d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF), utilisés pour traiter les enfants souffrant de MAS. Avec nos partenaires, nous avons assuré l’approvisionnement en RUTF jusqu’en juillet et nous mettons en œuvre une intervention à grande échelle pour éviter de lourdes pertes humaines. Cette réponse comprend des équipes mobiles de santé et de nutrition, des campagnes de dépistage et de traitement, et un soutien aux agents de santé de première ligne afin d’éviter l’effondrement total des services de santé vitaux pour les enfants. Les équipes surveillent de près les tendances en matière de déplacement, les mouvements transfrontaliers et les pics soudains de malnutrition et de maladies qui mettent en danger la vie des enfants.

Un nombre record de 14 millions d’enfants – la moitié des enfants du Soudan – ont désormais besoin d’une aide humanitaire. Des milliers d’entre eux ont été tués ou blessés, et un nombre incalculable d’autres sont exposés à de graves violations de leurs droits, notamment en matière de protection face aux violences sexuelles et aux recrutements ou à l’utilisation d’enfants dans le conflit. La plupart des écoles de l’ensemble du pays étant fermées ou ayant du mal à rouvrir, 19 millions d’enfants en âge d’être scolarisés risquent d’être privés d’éducation.

En 2024, l’UNICEF lance un appel de fonds de 840 millions de dollars pour apporter une aide humanitaire à 9,9 millions de personnes, dont 7,6 millions d’enfants parmi les plus vulnérables du Soudan. Malgré l’ampleur des besoins, l’UNICEF n’a reçu que 28 % de son appel pour 2023.

« Nous ne pouvons pas abandonner les enfants du Soudan », a conclu Catherine Russell. « L’impact de près de 10 mois de guerre, de déplacements, de maladies et de privations sur les 24 millions d’enfants du Soudan est horrible. Sans une action urgente et des ressources supplémentaires, le pays risque une catastrophe générationnelle qui aura de graves conséquences pour le pays, la région et au-delà. Par-dessus tout, les enfants du Soudan ont besoin d’un cessez-le-feu et de la paix ».

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