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Les enfants, premières victimes de la famine à Gaza
Dans les rues de l’enclave palestinienne, dans les abris de fortune et même dans les rares hôpitaux encore fonctionnels, des enfants meurent de faim. Ils ont le visage émacié, le regard vide, et la peau sur les os. Les images sont insoutenables, mais réelles. Les bébés n’ont même plus la force de pleurer.
Près de deux ans après le début de la guerre, la famine est désormais confirmée dans la bande de Gaza.
“Un enfant sur cinq à Gaza souffre de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la maladie. ”
C’est la première fois qu’une famine est officiellement déclarée dans l’enclave palestinienne, mais aussi dans la région du Moyen-Orient.
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Publiée en août 2025, la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) révélait que plus de 500 000 personnes sont confrontées à une situation de famine. D’ici fin septembre, elles devraient être 640 000 à connaître des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire (phase 5 de l’IPC).
Caractérisée par une insécurité alimentaire extrême, des privations généralisées et des décès évitables, la famine devrait s’étendre du gouvernorat de Gaza vers Deir El-Balah et Khan Younès.
“Le nombre d’enfants pris en charge pour malnutrition aiguë sévère n’a cessé d’augmenter. En août, 23 % des enfants admis pour traitement souffraient de malnutrition aiguë sévère, contre 12 % six mois plus tôt. ”
Cette situation est le résultat de longs mois de privations. Depuis mars 2025, l’enclave est asphyxiée : l’aide humanitaire rentre au compte-goutte et les fournitures qui sont acheminées sont insuffisantes face à l’ampleur des besoins. Les quelques cuisines et boulangeries qui permettaient aux habitants d’avoir encore à manger se sont arrêtées car il n’y a plus rien à distribuer. Les étals des marchés sont vides, et les rares produits disponibles sont hors de prix.
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Une population affamée
Pour nourrir ses enfants, Hanadi récupère des bouts de pains secs dans une poubelle.
“ J’essaye de récupérer les morceaux les moins moisis afin de les tremper dans du thé et nourrir mes enfants. Je n’aurais jamais pensé que ça arriverait un jour, mais nous y sommes. ”
La famine, Hanadi, comme tant de parents, en souffre, mais plus encore pour ses enfants. Ne pas pouvoir les nourrir c’est faillir à sa mission première de maman. « Les œufs sont trop chers et je n’ai pas les moyens d’acheter du lait pour mon bébé et ses frères », poursuit-elle. En quelques semaines, son fils a perdu 1,5 kg.
L’histoire est tragique, mais malheureusement, elle est commune à Gaza.
“Une heure passée dans une clinique nutritionnelle suffit pour dissiper tout doute quant à l’existence d’une famine réelle : les salles d’attente sont bondées, les parents en larmes, les enfants présents luttent contre le double fléau de la maladie et de la malnutrition, les mères ne peuvent plus allaiter, les bébés perdent la vue, leurs cheveux et toute leur force pour se redresser ou marcher. ”
Des chiffres alarmants
Depuis le début du conflit en octobre 2023, les taux de malnutrition ont explosé. En avril 2024, le Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC) estimait déjà que la situation était inquiétante. Aujourd’hui, elle est dramatique : la famine est confirmée.
Depuis le début de la guerre, 440 personnes dont 147 enfants sont morts de faim dans la bande de Gaza
Un bébé sur cinq naît prématurément ou avec une insuffisance pondérale
En juillet, 13 000 enfants ont été identifiés comme souffrant de malnutrition. En août, ils étaient 12 800.
40 % des femmes enceintes et des allaitantes souffrent également de malnutrition aiguë
L’action de l’UNICEF face à la famine
Les équipes de l’UNICEF travaillent sans relâche pour identifier les cas de malnutrition, soigner les enfants et assurer l’acheminement de fournitures de première nécessité, et ce, en dépit des nombreux obstacles.
Au cours des dernières semaines :
- 97 625 enfants de moins de 5 ans ont été auscultés pour identifier les cas de malnutrition. Parmi eux, 12 914 ont été immédiatement pris en charge.
- Par ailleurs, 41 615 femmes enceintes et allaitantes ont été auscultées pour diagnostiquer les cas de malnutrition. 22 629 d’entre elles ont reçu des aliments thérapeutiques et des compléments alimentaires à base de lipides
- Nous avons fourni des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, pour répondre aux besoins de 3 000 enfants pendant les 6 semaines que dure le traitement.
- Nous avons également distribué des compléments alimentaires pour plus de 1 400 nourrissons et des biscuits à haute teneur énergétique pour 4 600 femmes enceintes et allaitantes.
Malgré ces efforts, l’état nutritionnel des femmes et des enfants reste gravement menacé.
“Notre équipe fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider les enfants. Mais nous pourrions faire beaucoup plus, atteindre tous les enfants présents ici, si nos opérations sur le terrain pouvaient être menées à grande échelle et si nous disposions de fonds suffisants. ”
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